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CCLXXXVII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

tion du souverain pontife, ce qui manquait à la constitution civile du clergé. Le décret du 12 juillet supprimait le casuel des ecclésiastiques, et les assujétissait à recevoir un traitement fixe du trésor royal. L’assemblée nationale, en mettant les biens du clergé entre les mains de la nation, avait déclaré ses dettes nationales, par décret du 16 avril. Le montant de la dotation du clergé, comprenant les pensions religieuses, et le traitement de quarante-huit mille ministres du culte en exercice, fut estimé s’élever à soixante-dix-sept millions. Les revenus ecclésiastiques étant évalués à trois cents millions, c’était plus de deux cent vingt millions dont le trésor public profitait. Cette malheureuse constitution civile du clergé, qu’il n’appartient qu’à la bonne foi et à la raison de juger, fut un acte bien funeste pour le nouvel ordre de choses, et pour la tranquillité intérieure de la France : ses fâcheux effets furent plus particulièrement sensibles dans les deux départemens de l’ancien Maine, ainsi qu’on le verra bientôt. Dès ce moment, de tristes dissensions se manifestèrent entre les citoyens, et jusque dans l’intérieur des familles, qu’elles divisèrent ; en vain les lettres pastorales des nouveaux évêques constitutionnels et de quelques autres ecclésiastiques, cherchèrent-elles à rassurer les esprits sur le serment, sur la doctrine du nouveau clergé, et sur le peu de fondement des brefs apostoliques ; les réponses des dissidens, qui se retranchaient sur leur attachement au saint-siége, et, par conséquent, à l’unité de l’église, entraînèrent la plupart des plus ardens fidèles : la polémique, loin d’adoucir la querelle, ne fit, comme il est d’ordinaire, que l’envenimer ; les vertus du pasteur que donnèrent à la Sarthe les électeurs de ce département, ne purent réunir à lui les esprits : on estimait l’homme, on le respectait comme tel et comme ecclésiastique ; mais on refusait de le reconnaître pour prélat.

Cependant, l’interdiction des vœux monastiques décrétée le 13 février 1790, sur la proposition de l’abbé de Montes-