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CCCXI
CINQUIÈME ÉPOQUE.

actif par le décret du 16 août cité plus haut : dix à douze bataillons furent formés de cette sorte dans la Sarthe, et présentèrent une masse assez redoutable par son nombre, peu importante en réalité, comme nous le verrons bientôt. En lui faisant occuper différens postes, ceux de Brûlon, de Saint-Denis-d’Orques et autres, elle permit de renvoyer dans leurs foyers et à leurs affaires, les chefs de famille qui avaient pris spontanément les armes, pour arrêter les progrès de l’insurrection et la détruire ; mais elle était loin de les remplacer.

Thirion, sant être tout-à-fait un méchant homme, était souvent conduit par son intempérance, à des mesures rigoureuses et acerbes, qui d’ailleurs étaient à la hauteur des circonstances et des opinions du jour. La Cour de Saumur, comme l’appelait Philippeaux, c’est-à-dire la réunion des représentans du peuple en mission avec l’état-major de Rossignol, les Santerre, Ronsin, etc., n’avait rien vu de mieux, pour détruire l’insurrection vendéenne, que d’entourer d’un cordon de troupe tout le territoire qui en était le théâtre, d’en faire parcourir l’intérieur le feu et le fer à la main, et d’en traquer les habilans comme des bêtes féroces. On voit que c’est sur un plan semblable que Thirion donne ses sévères instructions, et qu’avait opéré Rossignol, lorsqu’il écrivait à la commune de Paris : « Apprenez que j’ai brûlé tous les moulins, hormis un seul, qui appartenait à un patriote. »

Philippeaux, envoyé en mission dans les départemens du centre et de l’ouest, était passé au Mans au mois de juillet, y avait organisé les premières forces envoyées par la Sarthe, contre l’insurrection vendéenne, s’était ensuite réuni à ses collègues à Angers, et fut bientôt en dissension avec eux sur les causes de la prolongation de cette guerre et sur les moyens de la terminer. « Philippeaux, dit Alphonse de Beauchamp, homme dévoré de l’amour de son pays, mais passionné et irritable » se déclara l’antagoniste du général en chef Rossignol ; il eut pour adversaires et pour ennemis, Richard,