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PRÉCIS HISTORIQUE,

surveillance fit vider les maisons d’arrêt, lier deux à deux les détenus, dont beaucoup d’entr’eux étaient accusés d’être suspects : on fit seulement évacuer les hommes ; les femmes furent abandonnées et laissées libres. On prétend que deux fonctionnaires publics proposèrent à Garnier de Saintes, quelques jours auparavant, de faire fusiller ces détenus ; et que Garnier témoigna être indigné d’une telle proposition. Nous ne voulons pas croire à cette anecdote, et nous nous garderons bien de répéter les noms de ceux qu’elle accuse.

Les Vendéens, mécontens de trouver la ville évacuée par tous les hommes en état de porter les armes, que la crainte d’être forcés à suivre l’armée royaliste avait engagés à se retirer avec les autorités, commirent quelques excès, principalement dans leurs maisons, où ils exigèrent des vivres et des vêtemens, dont ils avaient un pressant besoin. Le département, la municipalité, la bibliothèque publique, les logemens des officiers publics, furent livrés au pillage ; le greffe du tribunal allait être l’objet d’une semblable dévastation, lorsqu’on dit à ceux qui allaient s’y livrer, que les registres qu’ils commençaient à jeter par les fenêtres étaient ceux des actes civils, ce qui les engagea à cesser ce désordre : plusieurs de ces registres furent néanmoins gâtés et perdus.

Harassée de fatigue et de besoin, l’armée vendéenne se livra au repos dans la nuit du 10 au 11 décembre, sans qu’aucune mesure fut prise pour sa sûreté : point de corps-de-garde, point de postes, point de sentinelles ; tout est abandonné à la garde de Dieu, le lendemain, les chefs s’occupent à visiter la ville et ses issues, afin de pourvoir à la sûreté de l’armée ; mais on n’a pas prévu la possibilité d’une attaque, la nécessité d’une retraite, puisqu’on ne convient ni de la direction qu’on prendra dans ce dernier cas, ni des moyens de se l’assurer. Il semble que les chefs vendéens ne possèdent des qualités qui font les grands capitaines, que la valeur : du moins c’est ce qu’on peut conclure de cette phrase accusatrice