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PRÉCIS HISTORIQUE,

aussi que par ces moyens, les munitions ne manquaient point aux chouans. La poudre leur venait de Berne, à pleines voitures ; c’est ainsi qu’il en fut arrêté une à la Ferté-Bernard, que personne ne s’avisa de réclamer.

A l’époque du 2 avril, au moment où Hoche offrait aux chouans une nouvelle amnistie, l’insurrection éclatait dans le Berry au centre de la France. Excitée par le parti royaliste de l’intérieur, elle fut bientôt étouffée et détruite par l’activité républicaine du général Canuel.

Hoche avait continuellement insisté auprès du comité de Salut-Public, il insistait également auprès du Directoire, sur la nécessité du rétablissement du culte, comme moyen de pacification des départemens insurgés. « Je l’ai dit vingt fois au Directoire, lui écrivait-il le 9 mars 1796, si l’on n’admet la tolérance religieuse, il faut renoncer à l’espoir de la paix dans ces contrées. Le dernier habitant, acharné d’aller en paradis, se fera tuer en défendant l’homme qu’il croit pouvoir lui en ouvrir les portes. Qu’on oublie une fois les prêtres, et bientôt il n’y aura plus ni prêtres ni guerre ; qu’on les poursuive collectivement, et l’on aura la guerre et des prêtres pendant mille ans. Quand un prêtre commet un délit, si on le poursuit comme prêtre, on révolte l’habitant ; si on le punit comme homme, comme citoyen, personne ne dit mot. Je le demande hardiment : cette multitude d’hommes qui ne connaît que ses prêtres et ses bœufs, peut-elle adopter tout-à-coup les simples idées de morale et de philosophie. Et faut-il donc fusiller les gens pour les éclairer ?… »

Le Directoire, qui voulait faire disparaître toute idée d’un gouvernement despotique et révolutionnaire, et dont les efforts, pour y parvenir, le conduisirent à une sorte de faiblesse, qui transforma la contre-révolution armée en une contre-révolution sourde, s’insinuant dans l’ordre civil et y opérant un état patent de réaction, adopta facilement les