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PRÉCIS HISTORIQUE,

cupaient ses troupes, pour les appeler à la défense de l’Italie, menacée par les Goths, l’invasion des peuplades du nord n’éprouva plus d’obstacles, et ce fut le dernier jour de décembre 406, qu’elles passèrent le Rhin et se répandirent comme un torrent sur notre malheureux pays. S. Jérôme, écrivain de cette époque, atteste que les Francs, qui avaient alors des établissemens dans les Gaules, prirent avec intrépidité la défense des Romains, contre lesquels ils avaient si longtems combattu. « Au reste, dit ce père de l’Eglise, toute cette vaste contrée, située entre les Alpes, les Pyrénées, l’Océan et le Rhin, est devenue la proie des barbares. Le Quade, le Vendale, le Sarmate, l’Alain le Gépide, l’Hérule, le Saxon, le Bourguignon, ont ravagé ce malheureux pays ; et l’état déplorable de l’empire est tel, que le Pannonien même t de sujet est devenu ennemi, et s’est joint aux barbares pour l’écraser ! »

On ne peut douter que ce ne soit de cette époque funeste que datent les dévastations dont il nous reste des traces nombreuses dans le Maine, traces bien reconnaissables dans la terminaison igni, igné, brûlé, que portent un grand nombre de lieux, et qui font foi du ravage et de l’incendie qui les détruisirent alors. Cependant il est possible, il est même presque certain, qu’une grande partie de ces dévastations furent dues particulièrement aux Saxons qui commencèrent dès ce tems, en remontant la Loire, à faire des courses chez les Cénomans.

Quoiqu’il en soit, malgré la soumission ou plutôt l’extermination des Bagauds, il restait toujours quelques bandes isolées de ces insurgés. La faiblesse du gouvernement des empereurs, la retraite des armées romaines, le débordement des innombrables peuplades du nord, l’insurrection de la grande Bretagne, qui venait d’offrir un compétiteur à l’empire, dans Claudius Constantinus, lequel ayant passé la mer, rangea sous son obéissance la plupart des cités gauloises et