Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/117

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dicatif, colère, rancunier, sophiste, lançant ses foudres au hasard, et punissant, quand il est offensé, d’autres que ceux qui lui ont fait injure ; si, pour finir son caractère, il aime la supercherie ; s’il encourage les hommes au parjure et à la trahison ; et si, par une injuste prédilection, il comble de ses biens un petit nombre de favoris, je ne doute point qu’à l’aide des ministres et des poëtes le peuple ne respecte incessamment toutes ces imperfections, et ne prenne d’heureuses dispositions à la vengeance, à la haine, à la fourberie, au caprice et à la partialité ; car il est aisé de métamorphoser des vices grossiers en qualités éclatantes, quand on vient à les rencontrer dans un être sur lequel on ne lève les yeux qu’avec admiration.

Cependant il faut avouer que si le culte est vide d’amour, d’estime et de cordialité ; si c’est un pur cérémonial auquel on est entraîné par la coutume et par l’exemple, par la crainte ou par la violence, l’adorateur n’est pas en grand danger d’altérer ses idées naturelles ; car si , tandis qu’il satisfait aux préceptes de sa religion, qu’il s’occupe à se concilier les faveurs de sa divinité, en obéissant à ses ordres prétendus, c’est l’effroi qui le détermine ; s’il consomme à regret un sacrifice qu’il déteste au fond de son âme, comme une action barbare et dénaturée, ce n’est pas à son Dieu dont il entrevoit la méchanceté qu’il rend hommage, c’est proprement à l’équité naturelle dont il respecte le sentiment dans l’instant même de l’infraction. Tel est, dans le vrai, son état, quelque réservé qu’il puisse être à prononcer entre son cœur et sa religion, et à former un système raisonné sur la contradiction de ses idées avec les préceptes de sa loi.


    a peint le plus vivement les mœurs, a dit : Ne bonam quidem menfem aut bonam valetudinem vetunt : sed statim antequam llmen Capitolii tangunt, alius donum promittit, si propinquam divitem extulerit ; alius, si ad trecenties H. S. salvus pervenerit. Ipse senatus, reci bonique prœceptor, mille pondo auri Capitolio promittere solet ; et ne quis dubitet pecuniam concupiscere, Jovem quoque peculio exorat. (Diderot.)
    «……… Pendant les préparatifs, la jeune fille était assise dans une petite chambre et regardait un tableau où l’on voyait représentée cette pluie d’or que Jupiter, dit-on, fit tomber dans le giron de Danaé ; je me suis mis aussi à regarder ce tableau ; et parce que Jupiter s’était autrefois déguisé ainsi que moi, j’étais charmé qu’un dieu se fût métamorphosé en homme, et fût descendu furtivement par les gouttières pour tromper une femme. Eh, quel dieu encore ! celui qui, du bruit de son tonnerre, ébranle l’immensité des cieux. Et moi, misérable mortel, je ne suivrais pas son exemple ? Je le suivrai, et sans remords. » On verra dans la Correspondance que Diderot n’a point été étranger à la traduction de Térence qu’a donnée l’abbé Le Monnier. (Br.)