Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/133

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et quelques proportions remarquées dans les productions des sciences ou des arts, transportent d’admiration les maîtres et les connaisseurs, serait-il possible de contempler un chef-d’œuvre divin, sans éprouver le ravissement ? Donc le théisme fût-il traité comme une fausse hypothèse ; l’ordre de l’univers fût-il une chimère, la belle passion pour la nature n’en serait pas moins favorable à la vertu. Mais s’il est raisonnable de croire en Dieu, si la beauté de l’univers est réelle, l’admiration devient juste, naturelle et nécessaire dans toute créature reconnaissante et sensible.

Présentement, il est facile de déterminer l’analogie de la vertu à la piété. Celle-ci est proprement le complément de l’autre : où la piété manque, la fermeté, la douceur, l’égalité d’esprit, l’économie des affections et la vertu sont imparfaites.

On ne peut donc atteindre à la perfection morale, arriver au suprême degré de la vertu, sans la connaissance du vrai Dieu.


    despicimus ; cogitantesque supera atque cœlestia, hœc nostra ut exigua et minima, comtemnimus. Indagatio ipsa rerum tum maximarum tum occultissimarum habet delectationem. Si vero aliquid occurat, quod verisimile videatur, humanissima completur animus voluptate. À mesure que l’univers s’étend aux yeux d’un philosophe, tout ce qui l’environne se rapetisse. La terre s’évanouit sous ses pieds. Lui-même, que devient-il ? Cependant il ressent un doux frémissement dans cette contemplation qui l’anéantit ; après s’être vu noyé, pour ainsi dire, et perdu dans l’immensité des êtres, il éprouve une satisfaction secrète à se retrouver sous les yeux de la Divinité. (Diderot.)