puisque les actions auxquelles on donne le nom de justes, varient selon les pays ; et que ce qui est juste dans l’un, est injuste dans l’autre. La justice ne peut donc être autre chose que l’observation des lois.
Que croyez-vous des peines et des récompenses éternelles ?
Peines éternelles ? Dieu clément !
Croyez-vous que l’espérance des biens futurs ne vaut pas le moindre des plaisirs présents ?
L’espérance, qu’elle soit bien ou mal fondée, est toujours un bien réel ; et un dévot musulman, dans l’espérance des célestes houris qu’il ne possédera jamais, peut avoir plus de plaisir qu’un sultan dans la jouissance de tout son sérail.
Croyez-vous que la charité bien ordonnée est de faire son bien à quelque prix que ce puisse être ?
Je crois que c’est l’opinion de ceux qui, sous le prétexte de leur salut, désertent la société à laquelle ils devraient tous leurs services, et qui, pour gagner le ciel, se rendent inutiles à la terre.
Renoncez-vous au fanatisme de la continence[1], de la pénitence et de la mortification ?
Oh ! de tout mon cœur.
Renoncez-vous à la bassesse de l’humilité et du pardon des offenses ?
L’humilité est mensonge ; où est celui qui se méprise lui-même ? Et si cet homme existe, malheur à lui ! Il faut s’estimer pour être estimable. Quant au pardon des offenses, il est d’une
- ↑ Il faut avoir soin de distinguer la chasteté de la continence. La continence est un vice, puisqu’elle va contre les intentions de la nature ; la chasteté est l’abstinence des plaisirs de l’amour, hors des cas légitimes. (Diderot.)