Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/434

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VIII.

Dans les facultés supérieures, il y a aussi plusieurs chaires ; dans la faculté théologique, il y en a pour l’explication des livres sacrés, pour l’étude des langues sacrées, pour la polémique ou controverse, pour l’histoire ecclésiastique, etc., etc., etc. Dans la faculté de droit, il y a pareillement des chaires pour l’étude du droit romain, du droit canon, du droit commun. En Allemagne l’étude du droit de la nature et des gens est fort cultivée. Elle est excellente pour le développement des bons esprits. L’étude du droit public du saint Empire et des lois qui ont fait subsister ce corps, tant bien que mal, jusqu’à ce jour, fait aussi une grande partie de l’occupation de la jeunesse ; et c’est cette chaire, suivant qu’elle est bien ou mal remplie, qui décide en partie de la réputation de l’université. Dans la faculté de médecine, les différentes chaires ont pour objet la théorie et la pratique de cette science problématique, l’anatomie, la pharmacie, la chimie, et l’histoire naturelle, qui appartient en partie à la faculté de médecine, en partie à celle de philosophie[1].


IX.

Les universités jouissent en Allemagne, et surtout dans les pays protestants, de grands privilèges et de grandes immunités. L’empereur seul a le droit de les accorder. Le souverain du pays a le soin de les fonder. Elles ont ordinairement une juridiction fort étendue sur leurs citoyens. L’université de Leipsick ne ressort que du souverain, exerce sur les siens le droit de vie et de mort. Un étudiant n’est justiciable que de l’université où il s’est fait inscrire, et le magistrat de la ville où l’université est établie n’a aucune juridiction sur lui. C’est cette importance qu’on a donnée ou laissée dans les pays protestants aux universités qui les a rendues si florissantes. Il est donc bon de les établir dans des villes qui ne soient ni capitales, ni résidences, ni port, parce

  1. Il n’est pas nécessaire de dire que dans les universités de la Russie il faudra des chaires pour l’étude du code Catherine, quoiqu’il ne soit pas bon peut-être de permettre qu’on le commente par écrit, parce que ce qui est commenté est bientôt dénaturé. (Diderot.)