Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le premier émir.

Elle révéla tout au sultan.

la sultane.

Tout, émir, tout ! Vos mémoires sont infidèles. Soyez sûr que la confidence de Lively n’alla que jusqu’où les femmes la poussent ordinairement, et que Génistan devina le reste.

le premier émir.

Il entra dans une colère terrible contre son frère ; donna des ordres pour qu’il fût arrêté : mais son frère, prévenu, échappa au ressentiment de l’empereur par une prompte retraite.

la sultane.

Second émir, continuez.

le second émir.

Ce fut alors que le député ramena à la cour l’enfant que le prince avait eu de Lively, et qui avait passé ses premières années chez la fée sa marraine Coribella. C’était bien le plus méchant enfant qui eût jamais désespéré ses parents. Génistan son père ne s’était point trompé sur l’éducation qu’il avait reçue. On n’épargna rien pour le corriger ; mais le pli était pris, et l’on n’en vint point à bout. Il avait à peine dix-huit ans, qu’il s’échappa de la cour de l’empereur, et se mit à parcourir les royaumes, laissant partout des traces de son extravagance. Il finit malheureusement. C’était la bravoure même. Au sortir d’un souper, où la débauche avait été poussée à l’excès, deux jeunes seigneurs se prirent de querelle. Il se mêla de leur différend, plus que ces écervelés ne le désiraient, se trouva dans la nécessité de se battre contre ceux entre lesquels il s’était constitué médiateur et reçut deux coups d’épée dont il mourut.

la sultane.

À vous, madame première.

la premère femme.

De deux sœurs qu’il avait, l’une fut mariée au génie Rolcan, ce qui signifie dans la langue du pays, Fanfaron. Quant aux autres enfants issus du temple de la guenon couleur de feu, on eut beau leur couper les ailes, les plumes leur revinrent toujours. On n’a jamais rien vu, et on ne verra jamais rien de si joli. Les mâles se tournèrent tous du côté des arts, et rempli-