Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiers de leur revenu, vous réservant à vous et aux besoins urgents de votre État les deux autres tiers pour cinq ans, pour dix ans, pour toujours comme c’est votre usage ; qui vous remontre que si vous avez pu rendre sans conséquence fâcheuse vos magistrats amovibles, il y a bien moins d’inconvénient à rendre vos prêtres amovibles ; que tant que vous croirez en avoir besoin, il faut que vous les stipendiiez, parce qu’un prêtre stipendié n’est qu’un homme pusillanime qui craint d’être chassé et ruiné ; qui vous montre que l’homme qui tient sa subsistance de vos bienfaits n’a plus de courage et n’ose rien de grand et de hardi, témoin ceux qui composent vos académies et à qui la crainte de perdre leur place et leur pension en impose au point qu’on les ignorerait sans les ouvrages qui les ont précédemment illustrés. Puisque vous avez le secret de faire taire le philosophe, que ne l’employez-vous pour imposer silence au prêtre ? L’un est bien d’une autre importance que l’autre.