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LES ÉLEUTHÉROMANES. 17

Je la contemple et je l’admire :
Mon cœur, plus jeune, eût palpité.

ÉPODE.

Mais à présent que les glaces de l’âge
Ont amorti la chaleur de mes sens,
J’économise mon hommage.
La bonté, la vertu, la beauté, les talents
Se sont partagé mon encens.


STROPHE.

La Bonté qui se plaît à tarir ou suspendre
Les pleurs que l’infortune arrache de mes yeux ;


ANTISTROPHE.

La Beauté ce présent des cieux,
Qui quelquefois encor verse en mon âme tendre
De tous les sentiments le plus délicieux ;

ÉPODE.

Le Talent, émule des dieux,
Soit que de la nature il écarte[1] le voile,
Qu’il fasse respirer ou le marbre ou la toile,
Que par des chants harmonieux,
Occupant mon esprit d’effrayantes merveilles,
Il tourmente mon cœur et charme mes oreilles ;


STROPHE.

La Vertu qui, du sort bravant l’autorité,
Accepte son arrêt, favorable ou sévère,
Sans perdre sa tranquillité :
Modeste dans l’état prospère,
Et grande dans l’adversité.

  1. Variante : Entr ’ouvre.