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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

Si des fils sont serrés par leurs extrémités par d’autres fils, et qu’entre ces fils il y en ait un qui tienne au tissu de la plante ; alors le tout se démène comme si c’était un faisceau de serpents, se tord, s’élève, s’abaisse dans l’eau.

On les voit se plier au milieu du corps, former un ovale, s’entortiller par leurs extrémités, s’agiter et reprendre ensuite leur longueur.

Ces fils se multiplient par leurs extrémités ; s’il s’en détache une particule, cette particule croît, devient adulte et capable, en se rompant, d’engendrer d’autres fils vivants.

Alors le fil régénérateur reste avec son extrémité obtuse, sans aucun des mouvements propres à cette partie, jusqu’à ce qu’elle redevienne aiguë, ce qui se fait et se défait successivement sans qu’il y ait peut-être de terme à cette division et à cette production.

Le fil de la Tremella est un petit sac plein de petits corps oviformes, situés à différentes distances les uns des autres.

(Il fallait voir si, à chaque rupture d’extrémité, il ne disparaissait pas un de ces corps oviformes.)

Coupez à la Tremella un ou plusieurs de ces fils, remettez-la dans l’eau, et elle reprendra bientôt tous ses mouvements.

Et chaque fil s’agite et se meut sans qu’il y ait un instant de repos.

D’où viennent tous ces mouvements ? Ce n’est ni de l’eau ni de l’air, car ils se font en tout sens dans l’eau et l’air en repos, et ils se font en tout sens et en sens contraire à l’eau agitée. Unis ou séparés, ils suivent des directions opposées ; ils s’agitent à côté des petits corpuscules en repos. D’un mécanisme particulier ? Cela ne se peut ; un mécanisme particulier fait voler l’oiseau, nager le poisson, mais il y a entre ces mouvements et la variété infinie de la spontanéité une différence très-marquée ; or, cette variété infinie que nous attribuons dans les autres animaux à la vie, à la sensibilité, à la spontanéité, nous la voyons toute dans les filets de la Tremella et avec un caractère particulier, car il n’y a ni ralentissement, ni cessation, ni interruption pendant des mois, des années ; ils durent tant que la plante vit et végète. La Tremella et ses fils sont donc des animaux sensibles et vivants ; ses parties organiques obéissent donc à la sensibilité.