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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

stances distinctes, l’âme et le corps. Si quelqu’un nie cette proposition, ce il est pas pour lui que j’écris.

J’ai pensé fermer le livre. Eh ! ridicule écrivain, si j’admets une fois ces deux substances distinctes, tu n’as plus rien à m’apprendre. Car tu ne sais ce que c’est que celle que tu appelles âme, moins encore comment elles sont unies, et pas plus comment elles agissent réciproquement l’une sur l’autre.

l’homme double, animal et homme.

Un musicien est au clavecin ; il cause avec son voisin, la conversation l’intéresse, il oublie qu’il fait sa partie dans un concert, cependant ses yeux, son oreille et ses doigts n’en sont pas moins d’accord entre eux ; pas une fausse note, pas un accord déplacé, pas un silence oublié, pas la moindre faute contre le mouvement, le goût et la mesure. La conversation cesse, notre musicien revient à sa partition, sa tête est perdue il ne sait où il en est ; l’homme est troublé, l’animal est dérouté. Si la distraction de l’homme eût duré quelques minutes de plus, l’animal eût suivi le concert jusqu’à la fin sans que l’homme s’en fût douté.

Voilà donc des organes sensibles et vivants, accouplés, sympathisants, soit par habitude, soit naturellement, et concourant à un même but sans la participation de l’animal entier.

de la perfectibilité de l’homme.

La perfectibilité de l’homme naît de la faiblesse de ses sens dont aucun ne prédomine sur l’organe de la raison.

S’il avait le nez du chien, il flairerait toujours ; l’œil de l’aigle, il ne cesserait de regarder ; l’oreille de la taupe, ce serait un être écoutant[1].

bêtise de certains défenseurs des causes finales.

Ils disent : Voyez l’Homme[2], etc.

  1. Cette idée se retrouve dans la Réfutation de l’Homme, t. II.
  2. Il est présumable que Diderot avait en vue une citation déterminée, mais il ne l’a point écrite et nous ne pouvons la deviner. Il ne manque pas d’ailleurs d’ouvrages où l’on s’étonne de la merveilleuse adaptation des organes de l’homme aux fonctions qui leur sont dévolues, sans penser à ce que va dire Diderot.