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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

Le cerveau, le cervelet, avec ses nerfs ou filaments, sont les premiers rudiments de l’animal.

Ils constituent un tout vivant et portant la vie partout. Il ne faut pas chercher comment ce tout vit.

Serrez fortement un de ces fils, et son prolongement perdra le mouvement, non la vie. Il subsistera, mais il n’obéira plus.

La ligature est aux parties inférieures ce qu’une chaîne serait aux pieds de l’animal entier.

la mort.

L’enfant y court les yeux fermés ; l’homme est stationnaire ; le vieillard y arrive le dos tourné. L’enfant ne voit point de terme à sa durée ; l’homme fait semblant de douter si l’on meurt ; le vieillard se berce, en tremblant, d’une espérance qui se renouvelle de jour en jour ; c’est une impolitesse cruelle que de parler de la mort devant un vieillard. On honore la vieillesse, mais on ne l’aime pas. On ne gagnerait à sa mort que la cessation des devoirs pénibles qu’on lui rend, qu’on ne tarderait pas à s’en consoler ; c’est beaucoup quand on ne s’en réjouit pas secrètement. J’avais soixante-six ans passés quand je me disais ces vérités.

La piqûre lente d’une aiguille qu’on enfonce dans les chairs, est plus douloureuse qu’un coup de pistolet entre les deux yeux.

La balle fracasse le crâne, déchire les méninges, traverse la substance du cerveau, il est vrai, mais ce trajet se fait en un clin d’œil. L’éclair et la mort se touchent.


FIBRES.

En physiologie, la fibre est ce que la ligne est en mathématiques.

Elle est molle, élastique, pultacée, longue sans presque de largeur.

De ses éléments, les uns sont solides, les autres fluides, mais les premiers tellement unis aux seconds, qu’on ne les sépare que par le feu ou une longue putréfaction.