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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

la sensation sente aussi. Lorsqu’on avait le membre, de ce membre affecté la sensation allait au cerveau. Si, par quelque cause, la sensation est ressuscitée, alors on rapportera la sensation à son ancienne origine et l’on aura mal au membre qu’on n’a plus.

Souvent la douleur se fait sentir ailleurs qu’à la partie blessée ; c’est un effet de la liaison du nerf avec un autre dont l’origine est commune à tous les deux.

Les nerfs sont les organes du mouvement, les serviteurs du cerveau.

Le mouvement va du tronc aux rameaux et quelquefois des rameaux au tronc.

Coupez un nerf, le mouvement cessé à la partie inférieure reste à la partie supérieure.

La vie est, sans qu’il y ait de cerveau, soit que la nature l’ait refusé ou qu’on l’ait perdu par accident ou maladie.

On a vu des fœtus vivant sans tête.

Le mouvement se fait par la moelle allongée, en ceux en qui il n’y a plus de tête, à qui on l’a coupée.

Vie de l’organe reste après la séparation du corps. L’abeille a les pattes coupées et vole.

Liez un nerf, point d’élévation ni au-dessus ni au-dessous de la ligature.

Le nerf, ou cette corde, a des nœuds qu’on appelle ganglions.

Le cerveau ne pense non plus de lui-même que les yeux ne voient et que les autres sens n’agissent d’eux-mêmes.

Dans l’état parfait de santé où il n’y aucune sensation prédominante qui fasse discerner une partie du corps, état que tout homme a quelquefois éprouvé, l’homme n’existe qu’en un point du cerveau, il est tout au lieu de la pensée.

Peut-être en l’examinant de fort près trouverait-on que, triste ou gai, dans la peine ou le plaisir, il est toujours tout au lieu de la sensation ; il n’est qu’un œil quand il voit ou plutôt qu’il regarde ; qu’un nez quand il flaire ; qu’une petite portion du doigt quand il touche. Mais cette observation difficile est moins à vérifier par des expériences faites exprès que par le ressouvenir de ce qui s’est passé en nous lorsque nous avons été tout entiers à l’usage de quelqu’un de nos sens.