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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

l’action propre des organes, commandent à la machine et lui commandent involontairement.

Qu’est-ce en effet que la volonté, abstraction faite de toutes ces causes ? Rien.

Je veux n’est qu’un mot, examinez-le bien, et vous ne trouverez jamais qu’impulsion, conscience et acquiescement ; impulsion involontaire, conscience ou aséité[1], acquiescement ou attrait senti.

Penser. Action volontaire, action involontaire. Celle qu’on appelle volontaire ne l’est pas plus que l’autre ; la cause en est seulement reculée d’un cran, car on ne veut pas de soi-même ; la volonté est l’effet d’une cause qui la meut et la détermine.

Dans la volontaire le cerveau est en action ; dans l’involontaire le cerveau est passif et le reste agit.

Marcher. Je réfléchis et je marche. Le premier pas est certainement une action volontaire, mais les autres pas se font sans que j’y pense.

Je veux secourir et je vais. Il n’y a là qu’une action de ma volonté, c’est de donner du secours. Les autres mouvements des bras, du corps, des mains, de la voix, sont-ce des effets de la sympathie des membres ou de l’habitude ? La volonté n’y a certainement aucune part.

liberté.

S’il y a de la liberté, c’est dans l’ignorant. Si entre deux choses à faire on n’a nul motif de préférence, c’est alors qu’on fait celle qu’on veut.

L’homme réduit à un sens serait fou.

Il ne reste que la sensibilité, qualité aveugle, dans la molécule vivante. Rien de si fou qu’elle.

L’homme sage n’est qu’un composé des molécules les plus folles.

L’intérêt naît dans chaque organe de sa position, de sa construction, de ses fonctions ; alors il est un animal sujet au bien et au malaise, au bien-aise qu’il cherche, au malaise dont il cherche à se délivrer.

  1. Existence par soi-même ; terme de scolastique. Se dit de Dieu et, dans les systèmes matérialistes, de la matière.