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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

GERMES PRÉEXISTANTS.

J’admets ces germes, mais n’ayant rien de commun avec les êtres.

C’est une production conséquente au développement. Production qui n’existait pas et qui commence à exister, et dont l’expansion successive forme un nouvel être semblable au premier.

Un œil se fait comme une anémone. Qu’est-ce qu’il y a de commun entre la griffe et la fleur ?

Un homme se fait comme un œil. Qu’est-ce qu’il y a de commun entre la molécule de l’écorce du saule et le saule ? Rien. Cependant cette molécule donne un saule.

Comment ? Par une disposition première qui ne peut, avec la matière nutritive, amener un autre effet.

Cela me semble aussi simple que de souffler dans une vessie flasque pour en faire un corps rond.

Si la comparaison de la vessie choque, c’est qu’elle est trop simple ; mais elle n’en est pas moins réelle et vraie.

Les molécules éparses qui doivent former le germe se rendent là nécessairement. Rendues elles forment un pépin. Ce pépin n’a qu’un développement nécessaire, c’est un arbre. Et ainsi de l’homme.

En Amérique, dans un intervalle de vingt-quatre heures, les plaies se couvrent de vers ; il faut les racler, étuver la plaie avec infusion de tabac. Malgré cela, vers reproduits, quoique l’appareil soit resté.

Exemple d’une femme sans aucun sexe, ni motte, ni clitoris, ni tétons, ni vulve, ni lèvres, ni vagin, ni matrice, ni règles.

Le fait est arrivé à Gand. La Mettrie avait vu cette femme[1]. M. d’Hérouville.

Procès-verbal des médecins et chirurgiens de Gand.


  1. La Mettrie en parle en effet, en passant, dans l’Homme machine, et d’une façon plus détaillée dans le Système d’Épicure. M. le comte d’Hérouville, lieutenant général, avait signé le procès-verbal. La mention de son nom semblerait indiquer que c’était de lui que Diderot tenait le fait. Il joue un rôle dans Ceci n’est pas un conte. Voir t. V, p. 319.