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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.
médecins, médecine.

Pas de livres que je lise plus volontiers que les livres de médecine ; pas d’hommes dont la conversation soit plus intéressante pour moi que celle des médecins ; mais c’est quand je me porte bien.

Toute sensation, affection étant corporelle, il s’ensuit qu’il y a une médecine physique également applicable au corps et à l’âme. Mais je la crois presque impraticable, parce qu’il n’y aurait que la dernière perfection de la physiologie portée du tout aux organes, des organes à leurs correspondances, en un mot, presque jusqu’à la molécule élémentaire, qui prévînt les dangers de cette pratique.

Il n’y a, jusqu’à présent, que quelques remèdes généraux auxquels on puisse avoir confiance, comme le régime, les exercices, la distraction, le temps et la nature. Le reste pourrait être plus fréquemment nuisible que salutaire, n’en déplaise à M. Le Camus[1], à ses lumières et à l’intrépidité avec laquelle il ordonne la saignée, la purgation, les bains, les eaux, les infusions, les décoctions et tout l’appareil de l’art de guérir, qui est si rarement approprié aux grandes maladies et dont les grands médecins sont si économes.

nature.

Qu’est-ce que cet agent ? Ce sont les efforts mêmes de l’organe malade ou de toute la machine, efforts conséquents au malaise pour s’en soulager. La nature fait en tout temps dans le malade ce que le malaise de la machine exécute pendant le sommeil, qui, spontanément, se meut, s’agite jusqu’à ce qu’elle ait trouvé la situation la plus commode ; excepté dans la faiblesse extrême ou la lassitude. Alors on est plus las à son réveil qu’en se couchant, lorsque le malaise vient de la situation gênante des parties externes ; s’il vient des internes, c’est autre chose.

Je ne sais s’il n’en est pas de la morale ainsi que de la médecine, qui n’a commencé à se perfectionner qu’à mesure

  1. Voir une note sur Le Camus dans Ceci n’est pas un conte, t. V, p. 330.