Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/190

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ont été fabriquées par cet enfant de Bélial, et que toutes les lettres de son généreux protecteur sont véritables et ont été écrites de bonne foi [ce qu’on eut toutes les peines du monde à persuader à M, Diderot, qui se croyait persiflé par le marquis et par ses amis[1]].


BILLET

de la religieuse à m. le comte de croixmar[2], gouverneur de l’école royale militaire


Une femme malheureuse, à laquelle M. le marquis de Croixmar s’est intéressé il y a trois ans, lorsqu’il demeurait à côté de l’Académie royale de musique, apprend qu’il demeure à présent à l’École militaire. Elle envoie savoir si elle pourrait encore compter sur ses bontés, maintenant qu’elle est plus à plaindre que jamais.

Un mot de réponse, s’il lui plaît ; sa situation est pressante ; et il est de conséquence que la personne qui remettra ce billet n’en soupçonne rien.


on a répondu :


Qu’on se trompait et que M. de Croismare en question était actuellement à Caen.

Ce billet était écrit de la main d’une jeune personne dont nous nous servîmes pendant tout le cours de cette correspondance. Un page du coin[3] le porta à l’École militaire et nous rapporta la réponse verbale. M. Diderot jugea cette première démarche nécessaire par plusieurs bonnes raisons. La religieuse avait l’air de confondre les deux cousins ensemble et d’ignorer la véritable orthographe de leur nom ; elle apprenait par ce moyen, bien naturellement, que son protecteur était à Caen. Il se pouvait que le gouverneur de l’École militaire plaisantât son cousin à l’occasion de ce billet et le lui envoyât ; ce qui donnait un grand air de vérité à notre vertueuse aventurière. Ce gouverneur très-aimable, ainsi que tout ce qui porte son nom, était

  1. Manque dans les précédentes éditions.
  2. Cette double erreur, d’orthographe et de qualification, est expliquée quelques lignes plus bas.
  3. Les éditions connues mettent : un Savoyard.