Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/237

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point attendu l’exemple des autres pour te rendre hommage ; dès aujourd’hui j’étais incliné au pied de ta statue ; je t’adorais, cherchant au fond de mon âme des expressions qui répondissent à l’étendue de l’admiration que je te portais, et je n’en trouvais point. Vous qui parcourez ces lignes que j’ai tracées sans liaison, sans dessein et sans ordre, à mesure qu’elles m’étaient inspirées dans le tumulte de mon cœur, si vous avez reçu du ciel une âme plus sensible que la mienne, effacez-les. Le génie de Richardson a étouffé ce que j’en avais. Ses fantômes errent sans cesse dans mon imagination ; si je veux écrire, j’entends la plainte de Clémentine ; l’ombre de Clarisse m’apparaît ; je vois marcher devant moi Grandisson ; Lovelace me trouble, et la plume s’échappe de mes doigts. Et vous, spectres plus doux, Émilie, Charlotte, Paméla, chère miss Howe, tandis que je converse avec vous, les années du travail et de la moisson des lauriers se passent ; et je m’avance vers le dernier terme, sans rien tenter qui puisse me recommander aussi au temps à venir.