Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/165

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Madame de La Pommeraye.

Par l’événement, j’ai bien fait. Celle que vous allez avoir vous convient de tout point mieux que moi.

L’hôtesse.

Mme de La Pommeraye mit à ses informations toute l’exactitude et la célérité qu’elle voulut. Elle produisit au marquis les attestations les plus flatteuses ; il y en avait de Paris, il y en avait de la province. Elle exigea du marquis encore une quinzaine, afin qu’il s’examinât derechef. Cette quinzaine lui parut éternelle ; enfin la marquise fut obligée de céder à son impatience et à ses prières. La première entrevue se fait chez ses amies ; on y convient de tout, les bans se publient ; le contrat se passe ; le marquis fait présent à Mme de La Pommeraye d’un superbe diamant, et le mariage est consommé.

Jacques.

Quelle trame et quelle vengeance !

Le maître.

Elle est incompréhensible.

Jacques.

Délivrez-moi du souci de la première nuit des noces, et jusqu’à présent je n’y vois pas un grand mal.

Le maître.

Tais-toi, nigaud.

L’hôtesse.

La nuit des noces se passa fort bien.

Jacques.

Je croyais…

L’hôtesse.

Croyez à ce que votre maître vient de vous dire… Et en parlant ainsi elle souriait, et en souriant, elle passait sa main sur le visage de Jacques, et lui serrait le nez… Mais ce fut le lendemain…

Jacques.

Le lendemain, ne fut-ce pas comme la veille ?

L’hôtesse.

Pas tout à fait. Le lendemain, Mme de La Pommeraye écrivit au marquis un billet qui l’invitait à se rendre chez elle