Interrompre son valet, l’interrompre tant qu’il lui plaît, et n’en pas être interrompu.
Lecteur, est-ce que vous ne craignez pas de voir se renouveler ici la scène de l’auberge où l’un criait : « Tu descendras » ; l’autre : « Je ne descendrai pas » ? À quoi tient-il que je ne vous fasse entendre : « J’interromprai, tu n’interrompras pas ? » Il est certain que, pour peu que j’agace Jacques ou son maître, voilà la querelle engagée ; et si je l’engage une fois, qui sait comment elle finira ? Mais la vérité est que Jacques répondit modestement à son maître : Monsieur, je ne vous interromps pas ; mais je cause avec vous, comme vous m’en avez donné la permission.
Passe ; mais ce n’est pas tout.
Quelle autre incongruité puis-je avoir commise ?
Tu vas anticipant sur le raconteur, et tu lui ôtes le plaisir qu’il s’est promis de ta surprise ; en sorte qu’ayant, par une ostentation de sagacité très déplacée, deviné ce qu’il avait à te dire, il ne lui reste plus qu’à se taire, et je me tais.
Ah ! mon maître !
Que maudits soient les gens d’esprit !
D’accord ; mais vous n’aurez pas la cruauté…
Conviens du moins que tu le mériterais.
D’accord ; mais avec tout cela vous regarderez à votre montre l’heure qu’il est, vous prendrez votre prise de tabac, votre humeur cessera, et vous continuerez votre histoire.
Ce drôle-là fait de moi tout ce qu’il veut…
Quelques jours après cet entretien avec le chevalier, il