Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/52

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L’hôtesse.

Mon ami, voilà que tu recommences. Ce n’est pas là ce que tu m’as promis cette nuit ; mais patience, tu y reviendras.

L’hôte.

Mais, dis-moi, que faire de cet homme ? Encore si l’année n’était pas si mauvaise !…

L’hôtesse.

Si tu voulais, j’irais chez le curé.

L’hôte.

Si tu y mets le pied, je te roue de coups.

Le chirurgien.

Pourquoi donc, compère ? la mienne y va bien.

L’hôte.

C’est votre affaire.

Le chirurgien.

À ma filleule ; comment se porte-t-elle ?

L’hôtesse.

Fort bien.

Le chirurgien.

Allons, compère, à votre femme et à la mienne ; ce sont deux bonnes femmes.

L’hôte.

La vôtre est plus avisée ; elle n’aurait pas fait la sottise…

L’hôtesse.

Mais, compère, il y a les sœurs grises.

Le chirurgien.

Ah ! commère ! un homme, un homme chez les sœurs ! Et puis il y a une petite difficulté un peu plus grande que le doigt… Buvons aux sœurs, ce sont de bonnes filles.

L’hôtesse.

Et quelle difficulté ?

Le chirurgien.

Votre homme ne veut pas que vous alliez chez le curé, et ma femme ne veut pas que j’aille chez les sœurs… Mais, compère, encore un coup, cela nous avisera peut-être. Avez-vous questionné cet homme ? Il n’est peut-être pas sans ressource.