Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/530

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BEVERLEY.

Expliquez-vous ! parlez… Il ne me reste plus que quelques instants.

MADAME BEVERLEY.

Et pourquoi, mon ami ? Nous serons heureux ensemble, et de longues années.

LEUSON.

Aux yeux de ce monstre, que notre félicité tourmentera, tandis que nous jouirons de son ignominie… Le scélérat savait que je l’avais démasqué. Il n’ignorait pas l’usage que je ferais de mes lumières. Il m’avait condamné à périr par la main de Bates, qui s’est chargé de l’assassinat pour l’empêcher. On m’a cru mort, on l’a dit, et je me suis prêté à tout ce qui pouvait autoriser ce bruit.

CHARLOTTE.

Et me jeter dans des transes inouïes.

LEUSON.

Je les ai senties ; j’aurais voulu vous parler et les prévenir ; mais il fallait être vengé… L’infâme n’en était qu’à la moitié de ses projets… Lorsqu’il me crut assassiné, il fit arrêter Beverley par Dauson ; et son but était de rejeter ce forfait sur Beverley. Il avait entraîné tous ses associés dans ce complot.

MADAME BEVERLEY.

L’exécrable !

BATES.

Nous attesterons tout, Dauson et moi.

LEUSON.

Et combien d’autres forfaits ! Parmi ces forfaits comptez son ami abandonné à des filous et ruiné par son entremise ; et la fortune de cet ami devenue la récompense d’une chaîne de crimes.

DAUSON.

S’il eût su s’arrêter, et laisser du moins la vie à celui qu’il avait trahi, dépouillé, nous lui serions demeurés attachés.

MADAME BEVERLEY.

C’est ainsi que le ciel tire le bien du mal qu’il a permis, et qu’il instruit les bons par la chute des méchants.