Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/72

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Constance vous reste. et Clairville..

Rosalie : 

Je ne peux m'éloigner trop tôt d'un séjour où ma douleur est importune.

Constance : Mon enfant, prenez garde. Le malheur vous rend injuste et cruelle. Mais ce n'est point à vous que j'en dois faire le reproche. Dans le sein du bonheur , j'oubliai de vous préparer aux revers. Heureuse, j'ai perdu de vue les malheureux. J'en suis bien punie; c'est vous qui m'en rapprochez. Mais votre père?

Rosalie : Je lui ai déjà coûté bien des larmes! Madame, vous serez mère un jour. Que je vous plains !

Constance : Rosalie, rappelez-vous la volonté de votre tante. Ses dernières paroles me confiaient votre bonheur. Mais ne parlons point de mes droits; c'est une marque d'estime que j'attends: jugez combien un refus pourrait m'offenser ! Rosalie ne détachez point votre sort du mien. Vous connaissez Dorval. Il vous aime. Je lui demanderai Rosalie. Je l'obtiendrai; et ce gage sera pour moi le premier et le plus doux de sa tendresse.

Rosalie Dégage avec vivacité ses mains de celles de Constance, se levé avec une sorte d'indignation et dit :

Dorval !

Constance : Vous avez toute son estime.

Rosalie : Un étranger! Un inconnu! Un homme qui n'a paru qu'un moment parmi nous! Dont on n'a jamais nommé les parents! Dont la vertu peut être feinte ! Madame pardonnez. J'oubliais. Vous le connaissez bien sans doute?

Constance : Il faut vous pardonner. Vous êtes dans la nuit. Mais souffrez que je vous fasse luire un rayon d'espérance.

Rosalie : J'ai espéré. J'ai été trompée. Je n'espérerai plus.


Constance sourit tristement.


Rosalie : Hélas! si Constance eût été seule , reti