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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/189

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suis à plaindre ! Ils me feront devenir folle. M. Hardouin.) Vous riez… Faut-il donc s’en retourner en province ?

Monsieur Hardouin.

Non, mais les marier à Paris, et le plus tôt sera le meilleur.

Madame de Vertillac.

Monsieur, ce procédé est indigne.

Monsieur de Crancey, aux genoux de madame de Vertillac.

Madame, pardon, mille pardons. L’amour…

Madame de Vertillac.

L’amour, l’amour est un fou.

Monsieur Hardouin.

Madame, qui le sait mieux que nous ?

Madame de Vertillac, à Crancey.

Retirez-vous, je ne veux ni vous entendre, ni vous voir. Je crois que votre projet est de me tourmenter ici comme vous avez fait depuis trois ans en province. Mais écoutez-moi, et ne perdez pas un mot de ce que je vais vous dire. Vous aimez ma fille : si, sous quelque forme que ce soit, vous approchez de notre domicile, si vous nous obsédez au spectacle, à la promenade, en visite, si vous me causez le moindre souci, je l’enferme dans un couvent pour n’en sortir que quand il ne sera plus en mon pouvoir de l’y retenir. Adieu… adieu, mon ami.



Scène VII.


MONSIEUR HARDOUIN, MONSIEUR DE CRANCEY.
Monsieur de Crancey.

Cette extravagante, cette cruelle mère ne sait ni ce qu’un amant tel que moi peut oser, ni jusqu’où sa rigueur, dont tout le monde est indigné, peut conduire sa fille. Il me semble que sa propre expérience aurait dû la mieux conseiller ; car enfin… Madame de Vertillac, prenez-y garde : nous ferons quelque extravagance d’éclat dont tout le blâme retombera sur vous, je vous en préviens. On dira… Ce que vous entendez, mon