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SALON DE 1775




À MON AMI MONSIEUR GRIMM.




PEINTURE.


Sous la protection spéciale du concierge, M. Phelipot, j’étais entré de bonne heure au Salon. Je m’y croyais seul, et je me disposais à examiner tranquillement les chefs-d’œuvre que nos artistes avaient exposés cette année ; mais il n’en fut pas tout ainsi que je l’avais espéré. J’avais été précédé par un jeune homme fougueux jetant sur tout un coup d’œil rapide et sévère, et très résolu de ne rien approuver. À parler franchement, il en avait quelques raisons : il était récemment de retour de Rome ; il avait présenté à l’Académie successivement trois ou quatre tableaux d’agrément et ils avaient été tous rejetés, quoiqu’il eût été comblé d’éloges et qu’il se fût assuré des suffrages de ceux qui donnent le ton dans l’école. Il m’aborde, car je ne lui étais pas inconnu. « Vous venez ici pour admirer, me dit-il, mais vous aurez peu de chose à faire.

diderot.

Pourquoi cela, s’il vous plaît ? Ce Salon-ci me paraît aussi riche que les années précédentes, et je ne suis pas devenu plus difficile.

saint-quentin.

Il est détestable.

diderot.

Détestable ! C’est bientôt dit.