Aller au contenu

Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVII.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



VOYAGE


À BOURBONNE



Quand on est dans un pays, encore faut-il s’instruire un peu de ce qui s’y passe. Que diraient le docteur Roux et le cher Baron[1] si des mille et une questions qu’ils ne manqueront pas de me faire, je ne pouvais répondre à une seule ? Épargnons à mes amies le reproche déplacé d’avoir occupé tous mes moments, et préparons à quelque malheureux que ses infirmités conduiront à Bourbonne une page qui puisse lui être utile.

J’allai à Bourbonne le 10 août 1770, après avoir donné quelques jours au plaisir de revoir mon amie, madame de Meaux, qui avait accompagné là sa fille malade d’une énorme obstruction à un ovaire, suite d’une couche malheureuse, et reçu les adieux de mon ami, M. Grimm, avec lequel j’avais fait le voyage de Paris à Langres et qui m’avait précédé de quelques jours à Bourbonne ; tandis qu’une mère tendre s’occupait de la santé de son enfant, le philosophe allait s’informant de tout ce qui pouvait mériter sa curiosité. Disons d’abord un mot de la malade qui m’intéressait le plus. En très-peu de temps l’usage des eaux en boisson diminua presque de moitié le volume de la partie affectée. Le docteur Juvet chantait victoire ; et si madame de

  1. D’Holbach.