Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVII.djvu/346

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heureux ! S’il est un être qui ne me comprenne pas, fût-il assis sur un trône, que je le plains !

La fontaine ou le puits qui fume sans cesse est placé dans le quartier bas. C’est un petit bâtiment étroit et carré, ouvert de deux portes opposées dont l’antérieure est placée dans l’entre-colonnement de quatre colonnes dont la façade est décorée. Ce monument n’est pas magnifique ; il pouvait être mieux entendu, sans excéder la dépense. Je l’aurais voulu circulaire avec quelques bancs de pierre au pourtour ; mais tel qu’il est, il suffit à son usage. Combien d’édifices ou n’auraient pas été faits, ou seraient aussi simples si l’on avait consulté que l’utilité !

La profondeur de ce puits est de six pieds et son ouverture de quatre pieds en carré.

Les eaux sont si chaudes qu’on aurait peine à y tenir quelque temps la main. Elles sont plus chaudes au fond qu’à la surface. À la surface le thermomètre de Réaumur monte à 55°, au fond il monte à 62°. Un œuf s’y durcit en vingt-quatre heures. Cette année un jeune enfant s’y laissa tomber ; en un instant il fut dépouillé de sa peau et mourut. Cet accident devrait bien apprendre à en prévenir un pareil pour l’avenir.

Les eaux de ce puits sont conduites par des canaux souterrains à un bâtiment oblong, construit plus bas, et sont reçues dans des bassins carrés et séparés en deux par une cloison. Quand on se baigne on s’assied sur de longs degrés de pierre qui s’élèvent au-dessus ou descendent au-dessous les uns des autres et qui régnent le long des bords de ces bassins. C’est là le lieu des bains du peuple. Les particuliers se baignent dans les maisons dans des cuves de bois ou baignoires ordinaires. On y porte le soir sur les cinq à six heures les eaux qu’on prend au puits dans des tonneaux ; et sur les six à sept heures le lendemain, elles sont encore assez et même trop chaudes pour le bain. On tempère la chaleur des eaux selon la force ou la faiblesse du malade.

Des bains renfermés dans ce dernier bâtiment, il y en a deux qui sont de source et deux autres qui sont fournis par le puits. Ils ont tous quatre environ trois pieds de profondeur.

La quantité et la chaleur des eaux du puits et des bains de source sont constantes. La quantité ne s’accroît point par les