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A BOURBONNE.

pluies et ne diminue pas par les sécheresses. Les grands froids et les grands chauds ne font rien à sa chaleur.

On trouve sur le chemin du bâtiment carré vers l’hôpital un bain séparé qu’on appelle le bain Patrice. Il est de source, il est fréquenté. C’est aux environs de ce puits, dont le nom marque assez l’ancienneté, qu’il y avait autrefois des salines que le temps a détruites.

Les bains de source sont pour la douche. La douche se donne de trois pieds de haut. La colonne d’eau est d’environ huit lignes de diamètre. La peau rougit un peu sous le coup du fluide.

Les bains qui viennent du puits sont moins chauds que les bains de source ; cependant on ne les peut point supporter au delà de vingt minutes.

On m’a dit que les paysans des environs venaient s’y jeter les samedis et qu’ils en étaient délassés.

Les habitants d’un village éloigné de quelques lieues, appelé la Neuvelle-les-Coiffy, ont le droit d’user des eaux de toute manière sans rien payer.

Ces eaux passent pour très-énergiques. On s’y rend de toutes les provinces du royaume et des pays étrangers pour un grand nombre de maladies, les obstructions de toute espèce, les rhumatismes goutteux et autres, les paralysies, les sciatiques, les maux d’estomac, les affections nerveuses et vaporeuses, la colique des potiers, les entorses, les ankyloses, les luxations, les suites des fractures, les suites des couches et plusieurs maladies militaires. Leur effet est équivoque dans les suites de paralysies et d’apoplexies. Le paralytique éprouve un léger soulagement, souvent avant-coureur d’un grand mal.

Je n’ai garde de disputer l’efficacité constatée de ces eaux ; mais en général les eaux sont le dernier conseil de la médecine poussée à bout. On compte plus sur le voyage que sur le remède. A cette occasion, je vous dirai qu’un Anglais hypocondriaque s’adressa au docteur Mead, homme d’esprit et célèbre médecin de son pays. Le docteur lui dit : « Je ne puis rien pour vous, et le seul homme capable de vous soulager est bien loin. — Où est-il ? — A Moscou. » Le malade part pour Moscou ; mais il était précédé d’une lettre du docteur Mead. Arrivé à Moscou, on lui apprend que l’homme qu’il cherchait s’en était allé à