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ment accéléré ; & en supposant que le milieu par lequel ils tombent, c’est-à-dire l’air, soit sans résistance, le même mouvement peut aussi être considéré comme accéléré uniformément. Voyez Descente, &c.

Pour ce qui concerne les lois du mouvement accéléré, Voyez Mouvement & Accélération. (O)

Accéléré dans son mouvement. En Astronomie, on dit qu’une Planete est accélérée dans son mouvement, lorsque son mouvement diurne réel excede son moyen mouvement diurne. On dit qu’elle est retardée dans son mouvement, lorsqu’il arrive que son mouvement réel est moindre que son mouvement moyen. Quand la Terre est le plus éloignée du Soleil, elle est alors le moins accélérée dans son mouvement qu’il est possible, & c’est le contraire lorsqu’elle est le plus proche du Soleil. Les Astronomes s’apperçoivent de ces inégalités dans leurs observations, & on en tient compte dans les tables du mouvement apparent du Soleil. Voyez Equation. (O)

ACCENSES, adject. pris subst. du latin accensi sorenses. C’étoient des Officiers attachés aux Magistrats Romains, & dont la fonction étoit de convoquer le peuple aux assemblées, ainsi que le porte leur nom, accensi ab acciendo. Ils étoient encore chargés d’assister le Préteur lorsqu’il tenoit le Siége, & de l’avertir tout haut de trois heures en trois heures quelle heure il étoit dans les Armées Romaines.

Les Accenses, selon Festus, étoient aussi des surnuméraires qui servoient à remplacer les Soldats tués dans une bataille ou mis hors de combat par leurs blessures. Cet Auteur ne leur donne aucun rang dans la Milice : mais Asconius Pedianus leur en assigne un semblable à celui de nos Caporaux & de nos Trompettes. Tite Live en fait quelque mention, mais comme de troupes irrégulieres, & dont on faisoit peu d’estime. (G)

ACCENT, s. m. Ce mot vient d’accentum, supin du verbe accinere qui vient de ad & canere : les Grecs l’appellent προσωδία, modulatio quæ syllabis adhibetur, venant de πρὸς, préposition greque qui entre dans la composition des mots, & qui a divers usages, & ωδὴ, cantus, chant. On l’appelle aussi τόνος, ton.

Il faut ici distinguer la chose, & le signe de la chose.

La chose, c’est la voix ; la parole, c’est le mot, en tant que prononcé avec toutes les modifications établies par l’usage de la Langue que l’on parle.

Chaque nation, chaque peuple, chaque province, chaque ville même, differe d’un autre dans le langage, non-seulement parce qu’on se sert de mots différens, mais encore par la maniere d’articuler & de prononcer les mots.

Cette maniere différente, dans l’articulation des mots, est appellée accent. En ce sens les mots écrits n’ont point d’accens ; car l’accent, ou l’articulation modifiée, ne peut affecter que l’oreille ; or l’écriture n’est apperçue que par les yeux.

C’est encore en ce sens que les Poëtes disent : prêtez l’oreille à mes tristes accens. Et que M. Pelisson disoit aux Réfugiés : vous tâcherez de vous former aux accens d’une langue étrangere.

Cette espece de modulation dans les discours, particuliere à chaque pays, est ce que M. l’Abbé d’Olivet, dans son excellent Traité de la Prosodie, appelle accent national.

Pour bien parler une langue vivante, il faudroit avoir le même accent, la même inflexion de voix qu’ont les honnêtes gens de la capitale ; ainsi quand on dit, que pour bien parler françois il ne faut point avoir d’accent, on veut dire, qu’il ne faut avoir ni l’accent Italien, ni l’accent Gascon, ni l’accent Picard, ni aucun autre accent qui n’est pas celui des honnêtes gens de la capitale.

Accent, ou modulation de la voix dans le discours,

est le genre dont chaque accent national est une espece particuliere ; c’est ainsi qu’on dit, l’accent Gascon, l’accent Flamand, &c. L’accent. Gascon éleve la voix où, selon le bon usage, on la baisse : il abrege des syllabes que le bon usage allonge ; par exemple un gascon dit par consquent, au lieu de dire par conséquent ; il prononce séchement toutes les voyelles nazales an, en, in, on, un, &c.

Selon le méchanisme des organes de la parole, il y a plusieurs sortes de modifications particulieres à observer dans l’accent en général, & toutes ces modifications se trouvent aussi dans chaque accent national, quoiqu’elles soient appliquées différemment ; car, si l’on veut bien y prendre garde, on trouve partout uniformité & variété. Partout les hommes ont un visage, & pas un ne ressemble parfaitement à un autre ; partout les hommes parlent, & chaque pays a sa maniere particuliere de parler, & de modifier la voix. Voyons donc quelles sont ces différentes modifications de voix qui sont comprises sous le mot général accent.

Premierement, il faut observer que les syllabes en toute langue, ne sont pas prononcées du même ton. Il y a diverses inflexions de voix dont les unes élevent le ton, les autres le baissent, & d’autres enfin l’élevent d’abord, & le rabaissent ensuite sur la même syllabe. Le ton élevé est ce qu’on appelle accent aigu ; le ton bas ou baissé est ce qu’on nomme accent grave ; enfin, le ton élevé & baissé successivement & presque en même tems sur la même syllabe, est l’accent circonflexe.

« La nature de la voix est admirable, dit Ciceron, toute sorte de chant est agréablement varié par le ton circonflexe, par l’aigu & par le grave : or le discours ordinaire, poursuit-il, est aussi une espece de chant ». Mira est natura vocis, cujus quidem, è tribus omninò sonis inflexo, acuto, gravi, tanta sit, & tam suavis varietas perfecta in cantibus. Est autem in dicendo etiam quidam cantus. Cic. Orator. n. XVII. & XVIII. Cette différente modification du ton, tantôt aigu, tantôt grave, & tantôt circonflexe, est encore sensible dans le cri des animaux, & dans les instrumens de musique.

2. Outre cette variété dans le ton, qui est ou grave, ou aigu, ou circonflexe, il y a encore à observer le tems que l’on met à prononcer chaque syllabe. Les unes sont prononcées en moins de tems que les autres, & l’on dit de celles-ci qu’elles sont longues, & de celles-là qu’elles sont breves. Les breves sont prononcées dans le moins de tems qu’il est possible ; aussi dit-on qu’elles n’ont qu’un tems, c’est-à-dire, une mesure, un battement ; au lieu que les longues en ont deux ; & voilà pourquoi les Anciens doubloient souvent dans l’écriture les voyelles longues, ce que nos Peres ont imité en écrivant aage, &c.

3. On observe encore l’aspiration qui se fait devant les voyelles en certains mots, & qui ne se pratique pas en d’autres, quoiqu’avec la même voyelle & dans une syllabe pareille : c’est ainsi que nous prononçons le héros avec aspiration, & que nous disons l’héroïne, l’héroïsme & les vertus héroïques, sans aspiration.

4. A ces trois différences, que nous venons d’observer dans la prononciation, il faut encore ajoûter la variété du ton pathétique, comme dans l’interrogation, l’admiration, l’ironie, la colere & les autres passions c’est ce que M. l’Abbé d’Olivet appelle l’accent oratoire.

5. Enfin, il y a à observer les intervalles que l’on met dans la prononciation depuis la fin d’une période jusqu’au commencement de la période qui suit, & entre une proposition & une autre proposition ; entre un incise, une parenthese, une proposition incidente, & les mots de la proposition principale