os, la bouche ; ainsi adorare dans sa plus étroite signification veut dire approcher sa main de sa bouche, manum ad os admovere, comme pour la baiser ; parce qu’en effet dans tout l’Orient ce geste est une des plus grandes marques de respect & de soûmission.
Le terme d’adoration est équivoque, & dans plusieurs endroits de l’Ecriture, il est pris pour la marque de vénération que des hommes rendent à d’autres hommes ; comme en cet endroit où il est parlé de la Sunamite dont Elisée ressuscita le fils. Venit illa, & corruit ad pedes ejus, & adoravit super terram. Reg. IV. cap. iv. v. 37.
Mais dans son sens propre, adoration signifie le culte de latrie, qui n’est dû qu’à Dieu. Voyez Culte & Latrie. Celle qu’on prodigue aux idoles s’appelle idolatrie. Voyez Idolatrie.
C’est une expression consacrée dans l’Eglise Catholique, que de nommer adoration le culte qu’on rend, soit à la vraie Croix, soit aux Croix formées à l’image de la vraie Croix. Les Protestans ont censuré cette expression avec un acharnement que ne méritoit pas l’opinion des Catholiques bien entendue. Car suivant la doctrine de l’Eglise Romaine, l’adoration qu’on rend à la vraie Croix, & à celles qui la représentent, n’est que relative à Jesus-Christ l’Homme-Dieu ; elle ne se borne ni à la matiere, ni à la figure de la Croix. C’est une marque de vénération singuliere & plus distinguée pour l’instrument de notre Rédemption, que celle qu’on rend aux autres images, ou aux reliques des Saints. Mais il est visible que cette adoration est d’un genre bien différent, & d’un degré inférieur à celle qu’on rend à Dieu. On peut voir sur cette matiere l’Exposition de la Foi, par M. Bossuet, & décider si l’accusation des Protestans n’est pas sans fondement. V. Latrie, Croix, Saint, Image, Relique.
Adoration, (Hist. mod.) maniere d’élire les Papes, mais qui n’est pas ordinaire. L’élection par adoration se fait lorsque les Cardinaux vont subitement & comme entraînés par un mouvement extraordinaire à l’adoration d’un d’entre eux, & le proclament Pape. Il y a lieu de craindre dans cette sorte d’élection que les premiers qui s’élevent n’entraînent les autres, & ne soient cause de l’élection d’un sujet auquel on n’auroit pas pensé. D’ailleurs quand on ne seroit point entraîné sans réflexion, on se joint pour l’ordinaire volontairement aux premiers, de peur que si l’élection prévaut, on n’encourre la colere de l’élû. Lorsque le Pape est élû, on le place sur l’Autel, & les Cardinaux se prosternent devant lui, ce qu’on appelle aussi l’adoration du Pape, quoique ce terme soit fort impropre, l’action des Cardinaux n’étant qu’une action de respect.
ADORER, v. a. (Théol.) Ce terme pris selon sa signification littérale & étymologique tirée du Latin, signifie proprement porter à sa bouche, baiser sa main, ou baiser quelque chose : mais dans un sentiment de vénération & de culte : si j’ai vû le soleil dans son état, & la lune dans sa clarté, & si j’ai baisé ma main, ce qui est un très-grand péché, c’est-à-dire, si je les ai adoré en baisant ma main à leur aspect. Et dans les Livres des Rois : Je me reserverai sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, & toutes les bouches qui n’ont pas baisé leurs mains pour l’adorer. Minutius Felix dit que Cecilius passant devant la statue de Séraphis baisa la main, comme c’est la coûtume du peuple superstitieux. Ceux qui adorent, dit S. Jérôme, ont accoûtumé de baiser la main, & de baisser la tête ; & les Hébreux, suivant la propriété de leur Langue, mettent le baiser pour l’adoration ; d’où vient qu’il est dit : baisez le fils, de peur qu’il ne s’irrite, & que vous ne périssiez de la voie de justice, c’est-à-dire, adorez-le, & soûmettez-vous à son empire. Et Pharaon parlant à Joseph : tout mon peuple baisera la main
à votre commandement, il recevra vos ordres comme ceux de Dieu ou du Roi. Dans l’Ecriture le terme d’adorer se prend non-seulement pour l’adoration & le culte qui n’est dû qu’à Dieu seul, mais aussi pour les marques de respect extérieures que l’on rend aux Rois, aux Grands, aux Personnes supérieures. Dans l’une & dans l’autre sorte d’adoration, on s’inclinoit profondément, & souvent on se prosternoit jusqu’en terre pour marquer son respect. Abraham adore prosterné jusqu’en terre les trois Anges qui lui apparoissent sous une forme humaine à Mambré. Loth les adore de même à leur arrivée à Sodome. Il y a beaucoup d’apparence que l’un & l’autre ne les prit d’abord que pour des hommes. Abraham adore le peuple d’Hébron : adoravit populum terræ. Il se prosterna en sa présence pour lui demander qu’il lui fit vendre un sépulcre pour enterrer Sara. Les Israélites ayant appris que Moyse étoit envoyé de Dieu pour les délivrer de la servitude des Egyptiens, se prosternerent & adorerent le Seigneur. Il est inutile d’entasser des exemples de ces manieres de parler : ils se trouvent à chaque pas dans l’Ecriture. Job xxxj. 26. 27. III. Reg. xix. 18. Minut. in octav. Hier. contr. Rufin. L. I. Ps. xj. 12. Genes. xlj. 40. Genes. xviij. 2. xix. 7. Exod. iv. 31. Calmet, Dictionn. de la Bibl. tom. I. lett. A. pag. 63.
* Adorer, honorer, revérer ; ces trois verbes s’emploient également pour le culte de Religion & pour le culte Civil. Dans le culte de Religion, on adore Dieu, on honore les Saints, on revere les Reliques & les images. Dans le culte Civil, on adore une maîtresse, on honore les honnêtes gens, on revere les personnes illustres & celles d’un mérite distingué. En fait de Religion, adorer c’est rendre à l’Être suprème un culte de dépendance & d’obéissance : honorer, c’est rendre aux êtres subalternes, mais spirituels, un culte d’invocation : revérer, c’est rendre un culte extérieur de respect & de soin à des êtres matériels, en mémoire des êtres spirituels auxquels ils ont appartenu.
Dans le style profane, on adore en se dévoüant entierement au service de ce qu’on aime, & en admirant jusqu’à ses défauts : on honore par les attentions, les égards, & les politesses : on revere en donnant des marques d’une haute estime & d’une considération au-dessus du commun.
La maniere d’adorer le vrai Dieu ne doit jamais s’écarter de la raison ; parce que Dieu est l’auteur de la raison, & qu’il a voulu qu’on s’en servît même dans les jugemens de ce qu’il convient de faire ou ne pas faire à son égard. On n’honoroit peut-être pas les Saints, ni on ne révéroit peut-être pas leurs images & leurs reliques dans les premiers siecles de l’Eglise, comme on a fait depuis, par l’aversion qu’on portoit à l’idolatrie, & la circonspection qu’on avoit sur un culte dont le précepte n’étoit pas assez formel.
La beauté ne se fait adorer que quand elle est soûtenue des graces ; ce culte ne peut presque jamais être justifié, parce que le caprice & l’injustice sont très-souvent les compagnes de la beauté.
L’éducation du peuple se borne à le faire vivre en paix & familierement avec ses égaux. Le peuple ne sait ce que c’est que s’honorer réciproquement : ce sentiment est d’un état plus haut. La vertu mérite d’être révérée : mais qui la connoît ? Cependant sa place est partout.
ADOS, (Jardinage.) est une terre élevée en talus le long d’un mur à l’exposition du midi, afin d’avancer promptement les pois, les feves, & les autres graines qu’on y seme. Ce moyen est infiniment plus court que de les semer en pleine terre. (K)
ADOSSÉ, adj. terme de Blason, il se dit de deux animaux rampans qui ont le dos l’un contre l’autre, Lions adossés : on le dit généralement de tout ce qui