en rencontrons quelqu’une de celles que les Grammairiens expliquent par l’antiptose, nous devons d’abord examiner s’il n’y a point quelque faute de copiste dans le texte ; ensuite avant que de recourir à une figure aussi déraisonnable, nous devons voir si l’expression est assez autorisée par l’usage, & si nous pouvons en rendre raison par l’analogie de la langue. Enfin entre les différentes manieres de parler autorisées, nous devons donner la préférence à celles qui sont le plus communément reçûes dans l’usage ordinaire des bons Auteurs.
Mais expliquons à notre maniere les exemples ci-dessus, dont communément on rend raison par l’antiptose.
A l’égard de it clamor cælo ; cælo est au datif, qui est le cas du rapport & de l’attribution, c’est une façon de parler toute naturelle ; & Virgile ne s’en est servi que parce qu’elle étoit en usage en ce sens, aussi-bien que ad cælum ou in cælum. Ne dit-on pas aussi, mittere epistolam alicui, ou ad aliquem ?
Urbem quam statuo vestra est, est une construction très-élégante & très-réguliere, qu’il faut réduire à la construction simple par l’ellipse ; & pour cela il faut observer que le relatif qui, quæ, quod, n’est qu’un simple adjectif métaphysique ; que par conséquent il faut toûjours le construire avec son substantif, dans la proposition incidente où il est : car c’est un grand principe de syntaxe, que les mots ne sont construits que selon les rapports qu’ils ont entr’eux dans la même proposition ; c’est dans cette seule proposition qu’il faut les considérer, & non dans celle qui précede, ou dans celle qui suit : ainsi si l’on vous demande la construction de cet exemple trivial, Deus quem adoramus, demandez à votre tour qu’on en acheve le sens, & qu’on vous dise, par exemple, Deus, quem adoramus, est omnipotens ; alors vous ferez d’abord la construction de la proposition principale Deus est omnipotens ; ensuite vous passerez à la proposition incidente & vous direz, nos adoramus quem Deum.
Ainsi le relatif qui, quæ, quod, doit toûjours être considéré comme un adjectif métaphysique, dont le substantif est répété deux fois dans la même période, mais en deux propositions différentes ; & ainsi il n’est pas étonnant que ce nom substantif soit à un certain cas dans une de ces propositions, & à un cas différent dans l’autre proposition, puisque les mots ne se construisent & n’ont de rapport entr’eux que dans la même proposition.
Urbem quam statuo, vestra est. Je vois là deux propositions, puisqu’il y a deux verbes : ainsi construisons à part chacune de ces propositions ; l’une est principale, & l’autre incidente ; vestra est, ou est vestra, ne peut être qu’un attribut. Le sens fait connoître que le sujet ne peut être que urbs : je dirai donc, hæc urbs est vestra, quam urbem statuo.
Par la même méthode j’explique le passage de Térence, ut fabulæ, quas fabulas fecisset, placerent populo. C’est donc par l’ellipse qu’il faut expliquer ces passages, & non par la prétendue antiptose de Despautere & de la foule des Grammatistes.
Pour ce qui est de venit in mentem illius diei, il y a aussi ellipse ; la construction est memoria, cogitatio, ou recordatio hujus diei venit in mentem. (F)
ANTIQUAIRE, s. m. est une personne qui s’occupe de la recherche & de l’étude des monumens de l’antiquité, comme les anciennes médailles, les livres, les statues, les sculptures, les inscriptions, en un mot ce qui peut lui donner des lumieres à ce sujet. Voyez Antiquité, voyez aussi Monument, Médaille, Inscription, Sculpture, Statue, &c.
Autrefois il y avoit différentes autres especes d’antiquaires : les Libraires ou les copistes, c’est-à-dire ceux qui transcrivoient en caracteres beaux & lisi-
notes, s’appelloient antiquaires. Voyez Libraire. Ils furent aussi dénommés calligraphi. Voyez Calligraphe. Dans les principales villes de la Grece & de l’Italie, il y avoit d’autres personnes distinguées que l’on appelloit antiquaires, & dont la fonction étoit de montrer les antiquités de la ville aux étrangers, de leur expliquer les inscriptions anciennes, & de les assister de tout leur pouvoir dans ce genre d’érudition.
Un établissement si utile au public & si flatteur pour les curieux, mériteroit bien d’avoir lieu parmi nous. Pautanias appelle ces antiquaires ἐξηγητὰς : les Siciliens leur donnoient le nom de mystagogi. (G)
ANTIQUE, adject. en général ancien. Voyez Ancien & Antiquité.
Antique, s. f. est principalement en usage parmi les Architectes, les Sculpteurs & les Peintres : ils l’employent pour exprimer les ouvrages d’Architecture, de Sculpture, de Peinture, &c. qui sont d’un tems où les Arts avoient été portés à leur perfection par les plus beaux génies de la Grece & de Rome : savoir depuis le siecle d’Alexandre le Grand jusqu’au regne de l’empereur Phocas, vers l’an de Notre-Seigneur 600, que l’Italie fut ravagée par les Goths & les Vandales.
Antique dans ce sens est opposé à moderne. C’est ainsi que nous disons un édifice antique, un buste, un bas-relief, une maniere, une médaille antique ; & d’une statue, qu’elle est dans le goût antique.
Il nous reste plusieurs antiquités de Sculpture, telles que le Laocoon, la Venus de Medicis, l’Apollon, l’Hercule Farnese, &c.
Mais en fait d’antiquités pittoresques, nous n’avons que la noce Aldobrandine, les figurines de la pyramide de Cestius, le nymphée du palais Barberin, la Venus, une figure de Rome qui occupe le Palladium, & qu’on voit dans le même lieu, quelques morceaux de fresque tirés des ruines d’Adriane, des thermes de Tite & d’Héraclée.
Il s’est trouvé des Sculpteurs qui ont contrefait l’antique jusqu’à tromper le jugement du public. On prétend que Michel-Ange fit la statue d’un Cupidon, & qu’après en avoir cassé un bras qu’il retint, il enterra le reste de la figure dans un endroit où il savoit qu’on devoit fouiller. Le Cupidon en ayant été tiré, tout le monde le prit pour antique. Mais Michel-Ange ayant présenté à son tronc le bras qu’il avoit réservé, chacun fut obligé de convenir de sa méprise. Si ce fait est vrai, il prouve combien dès ce tems-là le préjugé étoit favorable à l’antiquité. Notre siecle n’en a rien rabattu ; & si l’on pouvoit, ainsi que Michel Ange, prouver que les morceaux qu’on admire comme des antiquités, ne sont que des productions modernes, la plûpart de ces antiquités perdroient bientôt de l’estime où elles sont, & seroient réduites à leur juste valeur.
Antique est quelquefois distingué d’ancien qui signifie un moindre degré d’antiquité, un tems où l’art n’étoit pas encore à sa derniere perfection. Ainsi architecture antique n’est souvent autre chose que l’ancienne architecture. Voyez Architecture.
Quelques écrivains usent du composé antiquo-moderne, en parlant des vieilles églises gothiques & d’autres bâtimens, qu’ils ne veulent pas confondre avec ceux des Grecs & des Romains. (G-P-R)
Antique. On employe ce mot dans le Blason en parlant des choses qui ne sont pas de l’usage moderne, comme des couronnes à pointes de rayons, des coëffures anciennes, greques & romaines, des vêtemens, des bâtimens, des niches gothiques, &c. Les armoiries de Montpellier sont une image de Notre-Dame sur son siége à l’antique en forme de niche.
L’évêché de Freyssing en Baviere, d’argent au