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la base à la pointe, & qui renferme plusieurs semences garnies d’une aigrette, & attachées à un placenta raboteux.

2°. On trouve quelques autres especes d’apocyn dont les fleurs sont des cloches renversées & découpées. Il s’éleve du milieu de ces fleurs un chapiteau fort joli qui est formé par cinq cornets disposés en rond. Ce chapiteau reçoit dans son creux le pistil qui sort du centre du calice. Lorsque la fleur est passée, ce pistil devient un fruit à deux gaînes ; elles s’ouvrent d’un bout à l’autre, & laissent voir un placenta feuilleté sur lequel sont couchées par écailles plusieurs semences chargées d’une aigrette ; ajoûtez aux caracteres de ce genre, que ces especes rendent du lait. Tournefort, Inst. rei herb. V. Plante. (I)

Harris prétend que l’apocyn est semblable à l’ipécacuana, qu’il purge violemment par haut & par bas, & qu’il est impossible de distinguer l’apocyn en poudre du véritable ipécacuana, quoique ces deux racines entieres different par la couleur des filets qui les traversent. (N)

APODICTIQUE ; ce mot est formé du Grec ἀποδείκνομαι, je démontre, je montre clairement ; c’est en Logique, un argument ou syllogisme clair, une preuve convaincante, ou démonstration d’une chose. V. Démonstration, Argument, &c. (X)

* APODIOXIS (Belles-Lettres.) figure de rhétorique par laquelle on rejette avec indignation un argument ou une objection comme absurde.

* APODIPNE, s. m. de ἀπὸ τοῦ δείπνου, après le repas du soir (Lithurg.) ; office de l’église Greque, qui répond à ce qu’on appelle complies dans notre Eglise. Il y a le grand apodipne & le petit ; celui-ci est pour le courant de l’année ; le grand n’est que pour le carême.

APODYTERION (Hist. anc.) piece des anciens Thermes ou de la Palestre, dans laquelle on quittoit ses habits, soit pour le bain soit pour les exercices de la Gymnastique : à en juger par les Thermes de Dioclétien avant leur démolition, l’apodyterion étoit un grand salon octogone de figure oblongue, dont chaque face formoit un demi-cercle, & dont la voûte étoit soûtenue par plusieurs colonnes d’une hauteur extraordinaire. Mém. de l’Acad. tom. I. (G)

APOGÉE, s. m. c’est, en Astronomie, le point de l’orbite du soleil ou d’une planete le plus éloigné de la terre. Voyez Orbite & Terre.

Ce mot est composé de ἀπὸ, ab, & de γῆ ou γαῖα, terra, terre ; apogée signifie aussi grotte ou voûte soûterraine.

L’apogée est un point dans les cieux, placé à une des extrémités de la ligne des apsides. Lorsque le soleil ou une planete est à ce point, elle se trouve alors à la plus grande distance de la terre où elle puisse être pendant sa révolution entiere. Voyez Apside, Terre, Planete , &c.

Le point opposé à l’apogée s’appelle perigée. Voyez Périgée.

Les anciens Astronomes qui plaçoient la terre au centre du monde, considéroient particulierement l’apogée & le périgée. Quant aux modernes, qui font occuper au soleil le lieu que les anciens avoient accordé à la terre, il n’est plus question pour eux d’apogée & de périgée, mais d’aphélie & de périhélie. L’apogée du soleil est la même chose que l’aphélie de la terre, & le périgée du soleil est la même chose que le périhélie de la terre. Voyez Aphélie & Périhélie ; voyez aussi Système.

On peut déterminer la quantité du mouvement de l’apogée par deux observations faites en deux tems fort éloignés l’un de l’autre ; on réduira en minutes la différence donnée par les deux observations, & on divisera les minutes par le nombre d’années comprises entre les deux observations : le quotient de

cette division sera le mouvement annuel de l’apogée. Ainsi Hipparque ayant observé, 140 ans avant Jesus-Christ, que l’apogée du soleil étoit au 5d 30′ des ♓ ; & Riccioli ayant observé en l’an de Jesus-Christ 1646, qu’il étoit au 7d 26′ du ♋, il s’ensuit que le mouvement annuel de l’apogée est de 1′ 2″, puisqu’en divisant la différence 31d 56′ 15″ réduite en secondes, par l’intervalle 1785 des années écoulées entre les deux observations, il vient pour quotient 1′ 2″, comme le portent les tables de M. de la Hire.

La seule de toutes les planetes qui ait un apogée & un périgée véritable, est la lune, parce que cette planete tourne véritablement autour de la terre ; cet apogée, aussi-bien que le périgée, a un mouvement très-sensible d’occident en orient, selon la suite des signes, de sorte que l’axe ou la ligne des apsides ne se retrouve au même point du ciel qu’après un intervalle d’environ neuf ans.

De plus, le mouvement de l’apogée de la Lune est sujet à une inégalité considérable ; car lorsque cet apogée se trouve dans la ligne des syzigies, il paroît se mouvoir de même que le Soleil, selon la suite des signes : mais dans les quadratures, il est au contraire rétrograde. Or les mouvemens de l’apogée, soit qu’il s’accélere ou qu’il rétrograde, ne sont pas toûjours égaux : car il doit arriver lorsque la Lune est dans l’un ou l’autre quartier, que la ligne de son apogée s’avancera bien plus lentement qu’à l’ordinaire, ou qu’il deviendra rétrograde ; au lieu que si la Lune est en conjonction, le mouvement de l’apogée sera le plus rapide qu’on pourra observer. Voyez Apside. Inst. Astr. de M. le Monnier. La cause du mouvement de l’apogée de la lune est le sujet d’une grande question qui n’est pas encore décidée au moment que j’écris ceci. Voyez Attraction & Lune. (O)

APOGRAPHE, s. m. (Grammaire.) ce mot vient de ἀπὸ, préposition Greque qui répond à la préposition Latine à ou de, qui marque dérivation, & de γράφω, scribo ; ainsi apographe est un écrit tiré d’un autre ; c’est la copie d’un original. Apographe est opposé à autographe. (F)

APOINTER, v. act. en terme de Tondeur, c’est faire des points d’aiguille à une piece de drap sur le manteau ou côté du chef qui enveloppe la piece, pour l’empêcher de se déplier.

* APOLITIQUE, s. m. (Lith.) c’est dans l’Eglise Greque une sorte de refrein qui termine les parties considérables de l’office divin. Ce refrein change selon les tems. Le terme apolitique est composé de ἀπὸ, & de λύω, je délie, je finis, &c.

APOLLINAIRES ou APOLLINARISTES, s. m. pl. (Théol.) Les Apollinaires sont d’anciens hérétiques qui ont prétendu que Jesus-Christ n’avoit point pris un corps de chair tel que le nôtre, ni une ame raisonnable telle que la nôtre.

Apollinaire de Laodicée, chef de cette secte, donnoit à Jesus-Christ une espece de corps, dont il soûtenoit que le Verbe avoit été revêtu de toute éternité : il mettoit aussi de la différence entre l’ame de Jesus-Christ & ce que les Grecs appellent νοῦς, esprit, entendement ; en conséquence de cette distinction, il disoit que le Christ avoit pris une ame, mais sans l’entendement ; défaut, ajoûtoit-il, suppléé par la présence du Verbe. Il y en avoit même entre ses sectateurs, qui avançoient positivement que le Christ n’avoit point pris d’ame humaine.

Selon l’évêque Pearson, écrivain Anglois, « la différence entre l’hérésie des Apollinaires, & celle des Ariens, est, que les Apollinaires soûtenoient que Dieu se revêtit en même tems de la nature de la chair & de l’ame de l’homme, au lieu que les Ariens ne lui attribuoient que la nature de la chair. Il y a deux choses à remarquer dans l’hérésie des Apollinaires. 1°. Un sentiment philosophique qui