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dans sa Novelle VI. ch. ij. par laquelle il paroît que tous les Evêques avoient de semblables officiers. A leur imitation les monasteres eurent aussi dans la suite des Apocrisiaires, qui ne résidoient pourtant pas perpétuellement dans la ville Impériale ou à la Cour, comme ceux du Pape ; mais qu’on déléguoit dans le besoin pour les affaires que le monastere, ou quelqu’un des moines, pouvoit avoir au-dehors ou devant l’Evêque. Dans ces cas Justinien, dans sa Novelle LXXIX, veut que les ascetes & les vierges consacrées à Dieu comparoissent & répondent par leurs Apocrisiaires. Ils étoient quelquefois clercs, comme il paroît par les actes du V. concile général, où Théonas se nomme Prêtre & Apocrisiaire du monastere du mont Sinaï. C’étoit à peu près ce que sont aujourd’hui les Procureurs dans les monasteres, ou même les Procureurs généraux des ordres religieux. Suicer ajoûte, que les Empereurs de Constantinople ont aussi donné quelquefois à leurs Ambassadeurs ou Envoyés le titre d’Apocrisaire ou Apocrisiaire. Bingham, Orig. eccles. lib. III. c. xiij. §. 6.

L’hérésie des Monothélites & celle des Iconoclastes qui la suivit, abrogerent l’usage où la Cour de Rome étoit d’avoir un Apocrisiaire à Constantinople. (G)

* APOCROUSTIQUES (Médecine.) épithete que l’on donne aux remedes dont la vertu est astringente & répercussive. Ce mot est formé de ἀποκρούω, je réprime.

APOCRYPHE (Théologie.) du Grec άπόκρυφος, terme qui dans son origine & selon son étymologie, signifie caché.

En ce sens on nommoit apocryphe tout écrit gardé secretement & dérobé à la connoissance du public. Ainsi les Livres des Sibylles à Rome, confiés à la garde des Decemvirs ; les annales d’Egypte & de Tyr, dont les prêtres seuls de ces royaumes étoient dépositaires, & dont la lecture n’étoit pas permise indifféremment à tout le monde, étoient des Livres apocryphes. Parmi les divines Ecritures un Livre pouvoit être en même tems, dans ce sens général, un Livre sacré & divin, & un Livre apocryphe : sacré & divin, parce qu’on en connoissoit l’origine, qu’on savoit qu’il avoit été révélé : apocryphe, parce qu’il étoit déposé dans le temple, & qu’il n’avoit point été communiqué au peuple ; car lorsque les Juifs publioient leurs Livres sacrés, ils les appelloient canoniques & divins, & le nom d’apocryphes restoit à ceux qu’ils gardoient dans leurs archives. Toute la différence consistoit en ce qu’on rendoit les uns publics, & qu’on n’en usoit pas de même à l’égard des autres, ce qui n’empêchoit pas qu’ils ne pûssent être sacrés & divins, quoiqu’ils ne fussent pas connus pour tels du public ; ainsi avant la traduction des Septante, les livres de l’ancien Testament pouvoient être appellés apocryphes par rapport aux Gentils ; & par rapport aux Juifs la même qualification convenoit aux livres qui n’étoient pas insérés dans le canon ou le catalogue public des Ecritures. C’est précisément ainsi qu’il faut entendre ce que dit saint Epiphane, que les Livres apocryphes ne sont point déposés dans l’arche parmi les autres écrits inspirés.

Dans le Christianisme, on a attaché au mot apocryphe une signification différente, & on l’employe pour exprimer tout Livre douteux, dont l’auteur est incertain & sur la foi duquel on ne peut faire fonds ; comme on peut voir dans saint Jérome & dans quelques autres Peres Grecs & Latins plus anciens que lui : ainsi l’on dit un livre, un passage, une histoire apocryphe, &c. lorsqu’il y a de fortes raisons de suspecter leur authenticité, & de penser que ces écrits sont supposés. En matiere de doctrine, on nomme apocryphes les Livres des hérétiques & des schismatiques, & même des Livres qui ne contiennent au-

cune erreur, mais qui ne sont point reconnus pour

divins, c’est-à-dire, qui n’ont été compris ni par la Synagogue ni par l’Eglise, dans le canon, pour être lûs en public dans les assemblées des Juifs ou des Chrétiens. Voyez Canon, Bible.

Dans le doute si un Livre est canonique ou apocryphe, s’il doit faire autorité ou non en matiere de religion, on sent la nécessité d’un tribunal supérieur & infaillible pour fixer l’incertitude des esprits ; & ce tribunal est l’Eglise, à qui seule il appartient de donner à un Livre le titre de divin, en déclarant que le nom de son auteur peut le faire recevoir comme canonique, ou de le rejetter comme supposé.

Les Catholiques & les Protestans ont eu des disputes très-vives sur l’autorité de quelques Livres que ces derniers traitent d’apocryphes, comme Judith, Esdras, les Machabées : les premiers se sont fondés sur les anciens canons ou catalogues, & sur le témoignage uniforme des Peres ; les autres sur la tradition de quelques Eglises. M. Simon, en particulier, soûtient que les Livres rejettés par les Protestans ont été certainement lûs en Grec dans les plus anciennes Eglises, & même par les Apôtres, ce qu’il infere de plusieurs passages de leurs écrits. Il ajoûte que l’Eglise les reçût des Grecs Hellenistes, avec les autres Livres de l’Ecriture, & que si l’église de Palestine refusa toûjours de les admettre, c’est seulement parce qu’ils n’étoient pas écrits en Hébreu comme les autres Livres qu’elle lisoit, non qu’elle les regardât comme apocryphes, c’est-à-dire, supposéz. A ce raisonnement les Protestans opposent l’autorité des Ecrivains de tous les siecles, qui distinguent précisément les Livres en question, de ceux qui étoient compris dans le canon des Juifs.

Les Livres reconnus pour apocryphes par l’Eglise catholique, qui sont véritablement hors du canon de l’ancien Testament, & que nous avons encore aujourd’hui, sont l’oraison de Manassès, qui est à la fin des Bibles ordinaires, le IIIe & le IVe livre d’Esdras, le IIIe & le IVe des Machabées. A la fin du Livre de Job, on trouve une addition dans le Grec, qui contient une généalogie de Job, avec un discours de la femme de Job ; on voit aussi, dans l’édition Greque, un Pseaume qui n’est pas du nombre des CL. & à la fin du livre de la Sagesse, un discours de Salomon tiré du viije chap. du IIIe livre des Rois. Nous n’avons plus le livre d’Enoch, si célebre dans l’antiquité ; & selon saint Augustin, on en supposa un autre plein de fictions que tous les Peres, excepté Tertullien, ont regardé comme apocryphe. Il faut aussi ranger dans la classe des ouvrages apocryphes, le livre de l’assomption de Moyse, & celui de l’assomption ou apocalypse d’Elie. Quelques Juifs ont supposé des Livres sous le nom des Patriarches, comme celui des générations éternelles, qu’ils attribuoient à Adam. Les Ebionites avoient pareillement supposé un livre intitulé l’échelle de Jacob, & un autre qui avoit pour titre la généalogie des fils & filles d’Adam, ouvrages imaginés ou par les Juifs, amateurs des fictions, ou par les hérétiques, qui, par cet artifice, semoient leurs opinions, & en recherchoient l’origine jusque dans une antiquité propre à en imposer à des yeux peu clairvoyans. Voyez Actes des Apostres. (G)

APOCYN, apocynum, s. m. (Hist. nat. & bot.) genre de plante à fleurs monopétales, & faites en forme de cloche ; ces fleurs ne sont pas tout-à-fait semblables dans toutes les especes ; il faut décrire séparément les deux principales différences que l’on y remarque.

1°. Il y a des especes d’apocyn dont les fleurs sont des cloches découpées. Il s’éleve du fond du calice un pistil qui tient à la partie postérieure de la fleur comme un clou, & qui devient dans la suite un fruit à deux gaînes, qui s’ouvre dans sa longueur de