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voir Kircher. Voyez Œdip. Ægypt. tom. III. p. 487. (G)

* AVERSE, (Géog.) ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de labour. Long. 31. 50. lat. 41.

AVERSION, s. f. (Med.) c’est l’action de détourner les humeurs vers une partie opposée, soit par révulsion, dérivation, ou répulsion. Voyez Dérivation, Révulsion.

Aversion, signifie aussi nausée, dégoût, & l’on s’en sert pour exprimer l’horreur que l’on a pour certains alimens.

Aversion, chez quelques auteurs, signifie le dérangement de l’uterus, que les anciens ont cru sortir de sa place dans les maladies hystériques. V. Hysterique. (N)

AVERTI, adj. (en Manege.) pas averti, pas écouté, est un pas réglé & soûtenu, un pas d’école. On disoit autrefois un pas racolt dans le même sens. Voyez Pas, Allûre. (V)

* AVERTIN ou AVORTIN, s. m. (Œconom. rustiq.) maladie des bêtes aumailles, qu’on appelle aussi vertige, étourdissement, sang, folie, & tournant, & dans laquelle elles tournent, sautent, cessent de manger, bronchent, & ont la tête & les piés dans une grande chaleur. Le soleil de Mars & les grandes chaleurs la donnent aux brebis.

Pour la guérir, on saigne les bêtes à la tempe, ou à la veine qui passe sur le nez ; alors la bête s’évanoüit, & meurt quelquefois. Pour éviter la saignée, on prend des bettes sauvages, on en exprime le suc ; on en met dans le nez de la bête malade ; on lui fait manger de la plante ; on lui coule aussi dans les oreilles du jus d’orvale.

L’avertin donne lieu à l’action redhibitoire.

AVERTIR un cheval, en Manége, c’est le reveiller au moyen de quelques aides, lorsqu’il se néglige dans son exercice. Ce terme ne s’emploie guere que dans le manége. (V)

AVERTISSEMENT, s. m. (Litterat.) conseil ou instruction, qu’on donne à une personne qui y est intéressée. Ce mot vient du latin advertere, considérer, faire attention.

Les auteurs, à la tête de leurs ouvrages, mettent quelquefois un avertissement au lecteur, pour le prévenir sur certaines choses relatives aux matieres qu’ils traitent, ou à leur méthode. Quand ces avertissemens sont d’une certaine étendue, on les nomme Préfaces. Voyez Préface.

Avertissement, se dit aussi d’une petite signification en papier timbré, que les receveurs de la capitation envoyent à ceux qui négligent de la payer. (G)

AVERTISSEUR, s. m. (Hist. mod.) officier de la maison du roi, dont la fonction est d’annoncer quand le roi vient dîner.

* AVES, (l’Isle d’) ou DES OISEAUX, petite île de l’Amérique méridionale, vers le 11d. 45′. de latitude, au sud de Porto Rico, & au sud-est de l’île de Bonair.

Il y a une autre île de même nom au nord de la précédente, vers le 15e degré de latitude.

Et une troisieme dans l’Amérique septentrionale, proche la côte orientale de Terre-neuve, au 50d. 5′. de latitude.

Aves, (Rio d’) riviere de Portugal, qui coule dans le pays d’entre Duero & Minho ; & se jette dans la mer, au bourg de Villa de Conde.

* AVESNES, (Géog.) ville des Pays-bas François, au comté de Hainaut, sur la riviere d’Hespre. Long. 21. 33. lat. 50. 10.

AVETTE, s. f. (Hist. nat. Insectolog.) on donnoit autrefois ce nom aux abeilles. Voyez Abeille. (I)

AVEU, Voyez Adveu.

AVEUER, ou mieux AVUER une perdrix, se dit en Fauconnerie, pour la suivre de l’œil, la garder à vûe, & observer quand elle part, & qu’elle va s’appuyer dans les remises.

AVEUGLE, adj. pris subst. se dit d’une personne privée de la vûe. Cette privation devroit, suivant l’analogie, s’appeller aveuglement ; mais ce mot n’est usité que dans un sens moral & figuré, & ce n’est pas le seul de notre langue qui ne se prenne que dans un sens métaphorique ; bassesse est de ce nombre. La privation de la vûe est appellée par quelques écrivains cécité, du mot Latin cœcitas, qui vient de cœcus, aveugle ; & ce mot, qui est commode, nous paroît mériter d’être adopté.

On peut être aveugle de naissance, ou le devenir soit par accident, soit par maladie. Notre dessein n’est point ici de traiter des maladies ou des causes qui occasionnent la perte de la vûe, & qu’on trouvera dans ce Dictionnaire à leurs articles : nous nous contenterons de faire des réflexions philosophiques sur la cécité, sur les idées dont elle nous prive, sur l’avantage que les autres sens peuvent en retirer, &c.

Il est d’abord évident que le sens de la vûe étant fort propre à nous distraire par la quantité d’objets qu’il nous présente à la fois, ceux qui sont privés de ce sens doivent naturellement, & en général, avoir plus d’attention aux objets qui tombent sous leurs autres sens. C’est principalement à cette cause qu’on doit attribuer la finesse du toucher & de l’oüie, qu’on observe dans certains aveugles, plûtôt qu’à une supériorité réelle de ces sens par laquelle la nature ait voulu les dédommager de la privation de la vûe. Cela est si vrai, qu’une personne devenue aveugle par accident, trouve souvent dans le secours des sens qui lui restent, des ressources dont elle ne se doutoit pas auparavant. Ce qui vient uniquement de ce que cette personne étant moins distraite, est devenue plus capable d’attention : mais c’est principalement dans les aveugles nés qu’on peut remarquer, s’il est permis de s’exprimer ainsi, les miracles de la cécité.

Un auteur anonyme a publié sur ce sujet, en 1749, un petit ouvrage très-philosophique & très-bien écrit, intitulé Lettres sur les aveugles, à l’usage de ceux qui voyent ; avec cette épigraphe, possunt, nec posse videntur, qui fait allusion aux prodiges des aveugles nés. Nous allons donner dans cet article l’extrait de cette lettre, dont la métaphysique est par-tout très fine & très-vraie, si on en excepte quelques endroits qui n’ont pas un rapport immédiat au sujet, & qui peuvent blesser les oreilles pieuses.

L’auteur fait d’abord mention d’un aveugle né qu’il a connu, & qui vraissemblablement vit encore. Cet aveugle qui demeure au Puisaux en Gatinois, est Chimiste & Musicien. Il fait lire son fils avec des caracteres en relief. Il juge fort exactement des symmétries : mais on se doute bien que l’idée de symmétrie qui pour nous est de pure convention à beaucoup d’égards, l’est encore d’avantage pour lui.

Sa définition du miroir est singuliere ; c’est, dit-il, une machine par laquelle les choses sont mises en relief hors d’elles-mêmes. Cette définition peut être absurde pour un sot qui a des yeux ; mais un philosophe, même clairvoyant, doit la trouver bien subtile & bien suprenante. « Descartes, aveugle né, dit notre auteur, auroit dû, ce me semble, s’en applaudir. En effet quelle finesse d’idées n’a t-il pas fallu pour y parvenir ? Notre aveugle n’a de connoissance que par le toucher ; il sait sur le rapport des autres hommes, que par le moyen de la vûe on connoît les objets, comme ils lui sont connus par le toucher, du moins c’est la seule notion qu’il puisse s’en former ; il sait de plus qu’on ne peut voir son propre visage, quoiqu’on puisse le toucher. La vûe, doit-il conclurre, est donc une espece de toucher qui