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tiere, contient à peine quatre mille ames en trente lieues de circuit. On peut en croire le lord Anson, qui y étoit en 1746.

Cependant les montagnes des îles Mariannes, chargées d’arbres presque toujours verds, & entrecoupées de ruisseaux qui tombent dans les plaines, rendent ce pays agréable. Ses insulaires sont d’une grande taille, d’une épaisse & forte corpulence, avec un teint basané, mais d’un brun plus clair que celui des habitans des Philippines. Ils ont la plûpart des cheveux crépus, le nez & les levres grosses. Les hommes sont tout nuds, & les femmes presqu’entierement. Ils sont idolâtres, superstitieux, sans temples, sans autels, & vivent dans une indépendance absolue.

On compte douze ou quatorze îles Marianes situées du 14 au 20 degré de latit. septent. Le P. Morales, jésuite, en a évalué la position seulement par estime ; mais voyez la carte de la partie septentrionale de l’Océan pacifique, que l’amiral Anson a jointe à son voyage.

MARIANUM, promontorium (Géogr. anc.) promontoire de l’île de Corse, selon Ptolomée, l. III. c. ij. qui le place à l’extrémité de la côte occidentale, en tirant vers le midi. Ce promontoire s’appelle à présent, il Capo di casa Barbarica.

MARIANUS, mons (Géogr. anc.) montagne d’Espagne que Ptolomée, l. II. c. iv. place dans la Bétique. On convient que ce sont les montagnes de Sierra-Morena. Ou lit Ariani au lieu de Mariani dans quelques exemplaires de Pline. Le manuscrit de la bibliotheque royale écrit Hareni montes ; le nom moderne las Areas Gordas, qu’on donne au pays, approche fort de celui du manuscrit.

MARICA, (Mythol.) déesse de Minturne. Il en est parlé dans le septieme livre de l’Enéide :

Et Nymphâ genitum Laurente Marica.

Servius dit sur ce passage : est autem Marica, Dea littoris Minturnensium, juxta Lirim fluvium. Elle avoit un bois sacré qui menoit de Minturne à la mer. On prétend que Marica est la même que Circé, parce qu’à l’égard de son bois sacré, on observoit la loi de ne laisser rien sortir de tout ce qui y étoit entré, idée qu’on prit en faveur de Circé, pour compatir à la douleur de cette déesse au sujet de l’abandon d’Ulysse.

Marica Sylva, (Géog. anc.) bois ou forêt d’Italie, dans la Campanie, sur le chemin de Suessa Aurunca. Cette forêt étoit dans le voisinage de la ville de Minturne, vers l’embouchure du fleuve Liris.

Tite-Live appelle cette forêt, Maricæ lucus, bois sacré de Marica, parce qu’on lui portoit une vénération singuliere, & qu’on observoit sur-tout avec soin, de n’en laisser rien sortir de tout ce qui y étoit entré. On juge de cet usage, que la nymphe Marica, qui présidoit à ce bois, étoit la même que Circé ; & la coutume de ne laisser rien sortir de son bois, s’étoit sans doute établie, pour compâtir à la douleur qu’éprouva cette déesse, de la désertion d’Ulysse. D’ailleurs, Lactance nous dit positivement que Circé fut appellée Marica après sa mort. Ainsi c’est de Circé qu’il faut entendre ce vers du VII. livre de l’Enéïde :

Hunc fauno & nymphâ genitum laurente Maricâ Accepimus.

Il y avoit auprès de son bois un marais, nommé par Plutarque Maricæ paludes. C’est dans ce marais que Marius vint se cacher, pour éviter les gens de Syll a qui le poursuivoient. Il étoit alors âgé de plus de 70 ans, & passa toute la nuit enseveli dans la bourbe. A peine en sortoit-il au point du jour, pour

gagner les bords de la mer, & pour s’embarquer ; qu’il fut reconnu par des habitans de Minturne, & mené par eux en prison dans leur ville, la corde au cou, tout nud & tout couvert de fange. Lui, Marius, ainsi conduit ! Oui, Marius lui-même, qui avoit été six fois consul, & qui quelques années auparavant s’étoit vu le maître d’une partie du monde. Exemple mémorable de l’instabilité des grandeurs humaines ! Nous verrons la suite non moins singuliere de cet événement, à l’article Minturne. (D. J.)

MARICHS, ou Merisch, (Géogr.) riviere de la Transylvanie. Elle a sa source dans des montagnes au nord de cette province, court du nord au sud, ensuite de l’est à l’ouest, & se décharge dans la Teysse auprès de Seyedin. Cette riviere est le Marisus de Strabon, le Marus de Tacite, & le Maris d’Hérodote. Dans la suite on lui donna le nom de Marisius, & les Hongrois l’appellent à présent Maros. (D. J.)

MARICI, (Géogr. anc.) peuples d’Italie, qui, selon Pline, bâtirent la ville de Ticenum. Merula prétend qu’ils avoient leur demeure aux environs d’Aléxandrie de la Paille. (D. J.)

MARIDUNUM, (Géogr. anc.) ville de l’île d’Albium, que Ptolomée donne aux Démetes : c’est la même ville que l’itinéraire d’Antonin nomme Meridunum. On croit que c’est aujourd’hui Caermarthen. (D. J.)

MARIE, Chevaliers de sainte Marie, (Hist. mod.) c’est le nom de plusieurs ordres de chevalerie, comme Sainte Marie du Chardon. Voyez Chardon, Sainte Marie de la Conception. Voyez Conception. Sainte Marie de l’Elephant. Voyez Elephant. Sainte Marie & Jesus, sainte Marie de Lorette, sainte Marie de Mont-Carmel. Voyez Carmel. Sainte Marie de Teutonique. Voyez Teutonique, &c.

Marie aux Mines, sainte, ou Markirck, (Géogr.) petite ville de France dans la haute-Alsace. La riviere de Lebel la partage en deux. Elle a pris son nom de quelques pauvres mines d’argent, qu’on a cru admirables. Longit. 25. 2. latit. 48. 16. (D. J.)

Marie, Sainte (Géogr.) ville d’Espagne dans l’Andalousie, sur la Guadalété, à 4 lieues N. E. de Cadix, 4 S. O. de Xérés de la Frontera. Long. 12. 2. lat. 36. 35. (D. J.)

Marie, Sainte (Géogr.) ville de l’Amérique méridionale dans l’Audience de Panama. Elle fut bâtie par les Espagnols lorsqu’ils eurent découvert les riches mines d’or qu’elle a dans son voisinage. Les Anglois la prirent quelque tems après. Elle est au fond du golfe de saint-Michel, à l’embouchure de la riviere de sainte-Marie, qui est navigable, & la plus large de celles qui se jettent dans ce golfe. Long. 299. 5. lat. 7. (D. J.)

Marie, Sainte (Géogr.) ville de l’Amérique dans la province de Mariland, sur la riviere de saint-Georges. Elle appartient aux Anglois, & est la demeure des principaux officiers de ce canton. (D. J.)

Marie, Sainte (Géogr.) île de l’Océan, aux environs de l’Afrique, à 5 milles de Madagascar. On lui donne 11 lieues de long sur 2 de large. Son terroir fertile est semé de riz, est coupé de petites rivieres, & bordé de rochers. Il y pleut presque toujours. On trouve sur ses côtes du corail & de l’ambre gris. Elle n’est habitée que par 4 ou 500 negres. Long. 63. lat. mérid. 16. 30. (D. J.)

Marie, Sainte (Géogr.) petite île d’Angleterre, la principale des Sorlingues, avec un bon havre. Elle a 3 lieues de tour. Long. 11. 25. lat. 50. 2. (D. J.)

MARIES, s. f. (Hist. mod.) fêtes ou réjouissances publiques qu’on faisoit autrefois à Vénise, & dont on tire l’origine de ce qu’autrefois les Istriens,