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tions officinales de la pharmacopée de Paris : savoir, le syrop d’armoise, l’eau générale, l’orviétan ordinaire, l’hiere de coloquinte, le mondificatif d’ache & la thériaque. (b)

Tournefort & Boerhaave, comptent six especes de ce genre de plante, ainsi nommée, parce que ses feuilles ont quelque rapport avec celles du marrube, mais aucune des especes ne demande de description particuliere ; on en cultive rarement dans les jardins de botanique, & seulement pour la varieté & la couleur bleue de leurs fleurs, qui naissent en guirlande épaisse. Les Anglois appellent cette plante the bastard hore-hound. (D. J.)

MARRUBIASTRUM, (Botan.) genre de plante à fleur monopétale, labiée ; la levre supérieure est creusée en cuilliere, & l’inférieure divisée en trois cannelures. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Ce genre de plante différe du galéopsis, par le port de la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

MARS, sub. m. en Astronomie, est une des cinq planetes & des trois supérieures, qui est placée entre la terre & Jupiter. Voyez Planete.

Son caractere est ♂, sa moyenne distance du soleil est à la moyenne distance du soleil à la terre ∷ 1524 : 1000, & son excentricité est à la même moyenne distance du soleil à la terre ∷ 141 : 1000. L’inclinaison de son orbite, c’est-à-dire, l’angle formé par le plan de son orbite & celui de l’écliptique, est d’un degré 52 min. le tems périodique dans lequel il fait sa révolution autour du soleil, est de 686 jours 23 heures ; cependant les Astronomes varient un peu entr’eux sur ces différens élémens, comme nous le verrons plus bas. Sa révolution autour de son axe se fait en 24 heures 40 min.

Pour le diametre de Mars, voyez Diametre.

Mars a des phases différentes, selon ses différentes situations, à l’égard de la terre & du soleil, car il paroît plein dans ses oppositions & ses conjonctions ; parce qu’alors tout l’hémisphere qu’il nous présente est eclairé par le soleil. Mais dans ses quadratures, nous ne voyons qu’une partie de l’hémisphere qui nous regarde, l’autre n’étant point éclairée, parce qu’elle n’est point tournée du côté du soleil.

Dans la situation acronique de cette planete, c’est-à-dire, lorsqu’elle est en opposition avec le soleil, elle se trouve alors deux fois plus près de la terre que du soleil, phénomene qui a beaucoup servi à faire tomber absolument l’hypothèse de Ptolomée. Voyez Acronique.

De plus, la distance de Mars à la terre étant alors beaucoup moindre que celle du soleil, sa parallaxe doit être deux ou trois fois plus grande que celle du soleil ; ce qui fait que quoique la parallaxe du soleil soit très-difficile à déterminer à cause de sa petitesse, on peut la déterminer plus exactement par le moyen de la parallaxe de Mars.

Or, depuis plus d’un siecle les Astronomes ont recherché cette parallaxe avec beaucoup de soin : en France elle fut d’abord trouvée presque insensible, par la comparaison que M. Ricard fit de ces observations avec celles de M. Richer qui fut envoyé à l’île de Cayenne en 1672, comme on le voit dans les observations & les voyages de l’académie royale des sciences publiés en 1693. mais dans la suite feu M. Cassini a crû devoir établir cette parallaxe, tant sur ses propres observations que sur d’autres qui avoient été faites à Cayenne, d’environ ou de min. ce qui donne la parallaxe de Mars réduite à l’horison d’environ 25 min. Selon M. Hook

& après lui M. Flamstead, la parallaxe de cette planete est tout au plus de 30 secondes. Inst. Astr.

Le docteur Hook observa en 1665. plusieurs taches sur le disque de Mars, & comme elles avoient un mouvement, il en conclut que la planete tournoit autour de son centre. En 1666 M. Cassini observa plusieurs taches sur les deux faces ou hémispheres de Mars, & il trouva en continuant ses observations avec grand soin, que ces taches se mouvoient peu à peu d’Orient en Occident, & qu’elles revenoient dans l’espace de 24 heures, 40 min. à leur premiere situation Voyez Taches.

Mars paroît toujours rougeâtre & d’une lumiere trouble, d’où plusieurs astronomes ont conclu qu’il est environné d’une atmosphere épaisse & nébuleuse.

Comme Mars tient sa lumiere du soleil, qu’il tourne autour de lui & qu’il a ses phases, ainsi que la lune, il peut aussi paroître presque dichotome, lorsqu’il est dans ses quadratures avec le soleil, ou dans son périgée ; mais il ne paroît jamais en croissant comme les planetes inférieures. Voyez Phases.

La distance de cette planete au soleil est à celle du soleil à la terre, suivant ce qu’on a déja dit, environ ∷ à 1, ou comme 3 à 2 ; de façon que si on étoit placé dans Mars on verroit le soleil d’un tiers moins grand qu’il ne nous paroit ici, & par conséquent le degré de lumiere & de chaleur que Mars reçoit du soleil, est moins grand que le degré qu’on en reçoit sur la terre, en raison de 4 à 9. Voyez Qualité. Cette proportion peut néanmoins varier sensiblement, eu égard à la grande excentricité de cette planete.

La période ou l’année de Mars, suivant qu’on l’a déja observé, est presque deux fois aussi grande que la nôtre ; & son jour naturel ou le tems que le soleil y paroît sur l’horison (sans faire attention aux crépuscules), est presque par-tout égal à la nuit, parce que son axe est presque perpendiculaire au plan de son orbite. Par cette même raison, il paroît que dans un même lieu de sa surface il ne peut y avoir que fort peu de variété de saisons, & presque point de différence de l’été à l’hiver, quant à la longueur des jours & à la chaleur. Néanmoins des lieux situés en différentes latitudes, c’est à-dire à différentes distances de son équateur, recevront différens degrès de chaleur, par rapport à l’inclinaison différente des rayons du soleil sur l’horison, comme il nous arrive à nous-mêmes lorsque le soleil est dans l’équinoxe ou dans les tropiques.

M. Grégory fait en sorte de rendre raison par-là des bandes qu’on remarque dans Mars, c’est-à-dire de certaines barres ou filets qu’on y voit & qui y sont placés parallelement à son équateur ; car comme parmi nous le même climat reçoit en des saisons différentes différens degrés de chaleur, & qu’il en est autrement dans Mars, le même parallele devant toujours recevoir un degré de chaleur presqu’égal, il s’ensuit de-là que ces taches peuvent vraissemblablement se former dans Mars & dans son atmosphere, comme la neige & les nuages se forment dans le nôtre, c’est-à-dire par les intensités du chaud & du froid constamment différentes en différens paralleles, & que ces bandes peuvent venir à s’étendre en cercles paralleles à l’équateur ou au cercle de la révolution diurne. Ce même principe donneroit aussi la solution du phénomene des bandes de Jupiter, cette planete ayant ainsi que Mars un équinoxe perpétuel.

On voit souvent dans Mars de grandes taches disparoître après quelques années ou quelques mois, tandis qu’on y en voit d’autres se former & subsister plusieurs mois, plusieurs années. Ainsi il faut qu’il se fasse dans Mars d’étranges changemens, puisqu’ils