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qu’elles l’ont engagé à bâtir un nouveau système sur l’origine de médailles de restitution. Il pense que le mot restituit signifie que l’empereur qui est annoncé comme restituteur a rétabli en tout ou en partie quelque monument de l’autre empereur, ou du magistrat nommé sur la même médaille ; de sorte que ce monument est tantôt représenté dans le type, & tantôt simplement indiqué. On desireroit 1° que cette hypothese qui plaît par sa simplicité, fût appuiée du témoignage des Historiens pour la confirmer. 2° Une partie des médailles restituées ne présente souvent sur le revers ni monument, ni figure, sur quoi puisse tomber le terme restituit ; or s’il se rapportoit à quelqu’ouvrage rétabli, cet ouvrage seroit sans doute représenté sur la médaille. 3° Parmi les types des médailles restituées, il y en a qui ne désignent assûrément aucun monument, comme, par exemple, deux mains jointes ensemble, l’aigle des consécrations, des chars attelés par des éléphans, &c. Je ne décide point si M. le Beau peut résoudre ces trois difficultés sans réplique ; mais je puis assûrer qu’il nous a donné six mémoires très-intéressans sur toutes les médailles restituées ; & j’invite fort un curieux à les lire dans le Recueil de l’Académie des Belles-Lettres, tom. XXI. XXII. & XXIV. in-4o. (D. J.)

Médaille unique, (Art numismat.) on appelle médailles uniques, celles que les antiquaires n’ont jamais vues dans les cabinets, même dans ceux des princes & des curieux du premier ordre ; quoique peut-être elles soient dans des cabinets sans nom, où le hasard les a placées. Ainsi l’Othon de véritable grand bronze, que M. Vaillant a vu en Italie, est une médaille unique. Le médaillon grec d’argent de Pescennius, que le même M. Vaillant découvrit en Angleterre, entre les mains de M. Falchner, & qui est aujourd’hui au cabinet du roi, est unique. L’Annia Faustina d’argent que M. l’abbé de Rothelin a possedé est encore unique jusqu’à-présent. Tel est encore l’Hérode Antipas, sur laquelle M. Rigord qui le possédoit, a fait une savante dissertation. Mais l’Agrippa-César, troisieme fils de M. Agrippa & de Julie, adopté par Auguste avec Tibere, qu’on a donné pour unique, ne l’est plus aujourd’hui.

Quoiqu’on trouve de tems en tems des médailles inconnues auparavant, & qui d’abord passent pour uniques ; néanmoins les médailles dont le type est extraordinaire, & dont les antiquaires n’ont jamais fait mention, doivent à parler régulierement, être regardées comme douteuses & suspectes, parce qu’il n’est pas à présumer qu’elles se soient dérobées si long-tems à la connoissance des antiquaires, & de tant de personnes intéressées à publier ces nouvelles découvertes. Ainsi la prudence veut qu’on en examine soigneusement & avec des yeux éclairés, le métal & la fabrique, afin d’éviter le piege que les brocanteurs savent tendre avec adresse aux nouveaux curieux.

Les médailles qui n’ont jamais été vues des savans dans un métal ou dans une certaine grandeur, offrent donc de fortes présomptions contre leur antiquité. Par exemple, les Gordiens d’Afrique, les Pescennius ou le Maximus d’or, sont assurément très-suspectes. Une Plotine, une Marciana, une Matidia, une Didia Clara de moyen bronze, le seroient de même, parce qu’on n’en connoît point jusqu’à ce jour de ce module ; mais il ne faut pas conclure absolument que les médailles qui ne sont point encore connues dans un métal ou dans une certaine grandeur, n’ont jamais été frappées sur ce métal ou dans cette grandeur, autrement il faudroit rejetter l’Annia Faustina en argent, dont l’antiquité est néanmoins incontestable, parce qu’elle n’étoit pas connue du tems de M. Vaillant. Or ce qui est arrivé à l’égard de l’Annia Faustina en argent, peut arriver pour les

Gordiens d’Afrique, les Pescennins & les Maximus en or, parce que la serre qu’on viendra à fouiller heureusement, peut nous procurer aujourd’hui de nouvelles médailles, qu’elle ne nous a pas encore données ; & que rien ne nous assure que ces princes dont nous venons de parler, sont les seuls exceptés de la loi générale, qui nous fait voir des médailles d’or de tous ceux dont nous en avons d’argent. Il suffit donc d’être attentifs, jusqu’au scrupule, dans l’examen de toutes les médailles qui paroissent pour la premiere fois. (D. J.)

Médaille votive, (Art numismat.) les antiquaires françois ont appellé médailles votives, d’après M. du Cange, toutes les médailles où les vœux publics qui se faisoient pour la santé des empereurs de cinq en cinq ans, de dix en dix ans, & quelquefois de vingt en vingt ans, sont marqués soit en légendes, soit en inscriptions. Ces médailles portent le mot de Vota quinquennalia, decennalia, vicennalia.

Sur la médaille de Marc-Aurele le jeune, dont le revers représente les vœux qu’on fit au tems de son mariage, on lit en légende Vota publica. Sur une médaille d’Antonin, vota suscepta decennalia, & sur une seconde du même prince, qui fut frappée dix ans après, Vota decennalium. Dans le bas empire on rencontre perpétuellement ces sortes de vœux que l’on portoit toujours même plus avant que le terme, ce qu’on exprimoit par ces mots multis. Par exemple, Votis x, Multis xx, ou par celui de sic, comme sic x, sic xx. Mais entre les médailles votives du bas empire, il n’y en a guere de plus curieuses que celles de Dioclétien & de Maximien son collegue, qui ont pour légende Primis x, Multis xx. Quelques-unes de ces médailles ont pour type Jupiter debout. Il y en a où l’on voit une victoire assise, tenant de la main gauche un bouclier appuyé sur son genou, & de la main droite écrivant dans le bouclier votis x, ou votis xx. D’autres encore représentent deux victoires qui soutiennent un bouclier où l’on lit votis x fel. Ces médailles sont d’autant plus remarquables que les vœux sont en légende & non en inscription, & qu’ils sont répétés sur celles où on les lit de-rechef dans le bouclier.

Les médailles votives avec l’inscription au revers votis v, x, xx, dans une couronne, sont beaucoup plus fréquentes dans le bas que dans le haut empire. On sçait qu’on rencontre cette inscription sur les médailles de Maximien, de Balbin, de Puppien, de Crébonien Galle, d’Œmilien, de Valérien & de Gallien.

M. du Cange a savamment éclairci tout ce qui regarde les médailles votives. Il nous apprend que depuis qu’Auguste feignant de vouloir quitter les rênes de l’empire, eût accordé par deux fois aux prieres du sénat, qu’il continueroit de gouverner dix ans, on commença à faire à chaque decennale des prieres publiques, des sacrifices & des jeux pour la conservation des empereurs : que dans le bas empire, on en fit de cinq en cinq ans ; & que c’est par cette raison que depuis Dioclétien, l’on voit sur les médailles, Votis v, xv, &c. Il observe enfin que la coutume de ces vœux dura jusqu’à Théodose ; après lequel tems on ne trouve plus cette sorte d’époque.

Mais outre du Cange, le lecteur apprendra bien des choses sur cette matiere, dans l’Auctuarium chronologicum de votis decennalibus imperatorum & Cæsarum, du cardinal Noris, mis au jour à Padoue en 1676, à la suite des dissertations du même auteur, sur deux médailles de Dioclétien & de Licinius. On peut aussi consulter la dissertation latine de consularibus cæsareis, du P. Pagi, imprimée à Lyon en 1682 in 4°. (D. J.)

Médailles sur les allocutions, (Art numismat. ) on nomme médailles sur les allocutions cer-