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ainsi dire, que la liberté de ces fictions où l’on personnifie des êtres : aussi est-ce la route que M. de Voltaire a suivie dans sa Henriade, où il introduit à la vérité saint Louis comme le pere & le protecteur des Bourbons, mais rarement & de loin-à-loin ; du-reste ce sont la Discorde, la Politique, le Fanatisme, l’Amour, &c. personnifiés qui agissent, interviennent, forment les obstacles, & c’est peut-être ce qui a donné lieu à quelques critiques, de dire que la Henriade étoit dénuée de fictions, & ressembloit plus à une histoire qu’à un poëme épique.

Le dernier commentateur de Boileau remarque, que la poésie est un art d’illusion qui nous présente des choses imaginées comme réelles : quiconque, ajoute-t-il, voudra réflechir sur sa propre expérience se convaincra sans peine que ces choses imaginées ne peuvent faire sur nous l’impression de la réalité, & que l’illusion ne peut être complette qu’autant que la poésie se renferme dans la créance commune & dans les opinions nationales : c’est ce qu’Homere a pensé ; c’est pour cela qu’il a tiré du fond de la créance & des opinions répandues chez les Grecs, tout le merveilleux, tout le surnaturel, toutes les machines de ses poëmes. L’auteur du livre de Job, écrivant pour les Hébreux, prend ses machines dans le fond de leur créance : les Arabes ; les Turcs, les Persans en usent de même dans leurs ouvrages de fiction, ils empruntent leurs-machines de la créance mahométane & des opinions communes aux différens peuples du levant. En conséquence on ne sauroit douter qu’il ne fallût puiser le merveilleux de nos poëmes dans le fond même de notre religion, s’il n’étoit pas incontestable que,

De la foi d’un chrétien les mysteres terribles
D’ornemens égayés ne sont point susceptibles.

Boileau, Art poét.

C’est la réflexion que le Tasse & tous ses imitateurs n’avoient pas faite. Et dans une autre remarque il dit que les merveilles que Dieu a faites dans tous les tems conviennent très-bien à la poësie la plus élevée, & cite en preuve les cantiques de l’Ecriture sainte & les pseaumes. Pour les fictions vraissemblables, ajoute-t-il, qu’on imagineroit à l’imitation des merveilles que la religion nous offre à croire, je doute que nous autres François nous en accommodions jamais : peut-être même n’aurons-nous jamais de poëme épique capable d’enlever tous nos suffrages, à-moins qu’on ne se borne à faire agir les différentes passions humaines. Quelque chose que l’on dise, le merveilleux n’est point fait pour nous, & nous n’en voudrons jamais que dans des sujets tirés de l’Ecriture-sainte, encore ne sera-ce qu’à condition qu’on ne nous donnera point d’autres merveilles que celles qu’elle décrit. En vain se fonderoit-t-on dans les sujets profanes sur le merveilleux admis dans nos opera : qu’on le dépouille de tout ce qui l’accompagne, j’ose répondre qu’il ne nous amusera pas une minute.

Ce n’est donc plus dans la poésie moderne qu’il faut chercher le merveilleux, il y seroit déplacé, & celui seul qu’on y peut admettre réduit aux passions humaines personnifiées, est plûtôt une allégorie qu’un merveilleux proprement dit. Princip. sur la lecture des Poëtes, tom. II. Voltaire, Essai sur la poésie épique, œuvres de M. Boileau Despréaux, nouvelle édit. par M. de Saint-Marc, tom. II.

MERVEROND, (Géog.) ville de Perse, située dans un très-bon terroir. Selon Tavernier, les géographes du pays la mettent à 88d. 40′. de long. & à 34d. 30′. de lat. (D. J.)

MERVILLE, (Géog.) petite ville de la Flandres françoise, sur la Lys, à 3 lieues de Cassel. Elle ap-

partient à la France depuis 1677. Long. 20. 18. lat. 50. 38.

MERUWE, (Géogr.) on nomme ainsi cette partie de la Meuse, qui coule depuis Goreum jusqu’à la mer, & qui passe devant Dordrecht, Rotterdam, Schiedam, & la Brille. On appelle vieille Meuse, le bras de cette riviere qui coule depuis Dordrecht, entre l’ile d’Ysselmonde, celle de Beyerland, & celle de Putten, & se joint à l’autre un peu au-dessous de Vlaerdingen. (D. J.)

MERY-SUR-SEINE, (Géog.) petite ville de France dans la Champagne, à 5 lieues au-dessous de Troyes. Il y a un bailliage royal, & un prieuré de l’ordre de S. Benoit. Long. 21. 40. lot. 48. 15.

MERYCOLOGIE, en Anatomie, traité des glandes conglomérées ; ce mot est composé du grec μερυμα, peloton, & λογια, traité, parce que les glandes conglomérées ressemblent à des pelotons : nous avons un livre in-4°. de Peyer, imprimé en 1685, sous le titre de Mirecologia.

MES-AIR, (Maréchal.) air de manege qui tient du terre-à-terre & de la courbette. Voyez Terre-à-terre & Courbette.

MESANGE, MESANGE-NONETTE, s. f. (Hist. nat. Ichtiolog.) fringillago, seu parus major, oiseau qui est presque de la grandeur du pinson, à peine pese-t-il une once ; il a six pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue : l’envergure est de huit pouces trois lignes ; son bec est droit, noir, long d’un demi pouce, & de médiocre épaisseur ; les deux parties du bec sont d’égale longueur ; la langue est large & terminée par quatre filamens : les pattes sont de couleur livide ou bleue ; le doigt extérieur tient par le bas au doigt du milieu ; la tête & le menton sont noirs : il y a de chaque côté au-dessous des yeux une large bande ou une grande tache blanche qui s’étend en arriere & sur les machoires ; cette tache blanche est entourée par une bande noire ; il y a sur le derriere de la tête une autre tache blanche qui est au-dessous de la couleur noire de la tête, & au-dessus de la couleur jaune du cou : les épaules, le cou, & le milieu du dos sont verdâtres ou d’un verd jaunâtre ; le croupion est de couleur bleuâtre ; la poitrine & le ventre sont jaunes, & le bas-ventre est blanc. Il y a une bande ou un trait noir qui va depuis la gorge jusqu’à l’anus, en passant sur le milieu de la poitrine & du ventre. Les grandes plumes de l’aîle sont brunes, à l’exception des bords qui sont blancs, ou en partie blancs & en partie bleus. Les bords extérieurs des trois plumes les plus prochaines du corps sont de couleur verdâtre ; le premier rang des petites plumes de l’aîle qui recouvrent les grandes & qui sont sur la partie de l’aîle qui correspond à notre avant-bras ont leurs extrémités blanches, ce qui forme une ligne transversale blanche sur l’aîle, les plumes des autres rangs sont bleuâtres. La queue a environ deux pouces & demi de longueur, elle est composée de douze plumes qui ont toutes, à l’exception des extérieures, les barbes externes de couleur cendrée ou bleue, & les barbes intérieures de couleur noirâtre, la plume extérieure de chaque côté a les barbes externes & la pointe de couleur blanche, la queue ne paroît pas fourchue, même quand elle est pliée ; il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aile, outre la premiere qui est fort courte. Willughby, voyez Oiseau.

Mesange bleue, parus cæruleus, oiseau qui a le dessus de la tête de couleur bleue ; ce sommet bleu est entouré d’un petit cercle blanc fait en forme de guirlande ; au-dessous de ce cercle on en voit un autre de différentes couleurs qui entoure la gorge & le derriere de la tête, il est bleu par derriere & noir par devant ; il y a de chaque côté de la tête