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milieu de la queue, & plus courtes que les extérieures. La queue est fourchue, & composée de douze plumes qui sont toutes de couleur rousse, à l’exception de l’intérieur de chaque côte qui est noirâtre ; elles ont toutes des bandes transversales noires sur les barbes extérieures, excepté les deux du milieu, qui n’ont que des taches noires auprès du tuyau. La pointe de toutes ces plumes est blanchâtre. Les deux plumes extérieures ont quatorze pouces de longueur, & les deux du milieu n’en ont qu’onze. Le bec est noir, & n’a presque point d’appendices. La langue est large, épaisse, comme dans les autres oiseaux de proie. La membrane des narines & des coins de la bouche est jaune. Les yeux sont grands ; l’iris est d’un beau jaune mélé d’un peu de blanc. Les pattes sont jaunes ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par une membrane, presque jusqu’au milieu de sa longueur : les ongles sont noirs ; celui du doigt de derriere est le plus petit ; celui du doigt du milieu est tranchant seulement par le côté intérieur. On distingue le milan de tous les autres oiseaux de proie, par sa queue qui est fourchue ; il est le seul qui ait ce caractere.

Les milans sont des oiseaux de passage, & changent de lieux dans différentes saisons de l’année ; cependant on en voit toute l’année en Angleterre. Pline dit que les milans ne se nourrissent que de viande. Bellon assure au contraire, qu’il en a vû en Egypte voler sur des palmiers, & manger des dattes. Le milan prend toutes sortes d’oiseaux domestiques, & sur-tout des poules, des canards & des oies. Willughby. Voyez Oiseau.

Milan, (Hist. nat.) en latin milvus, ou miluago, poisson de mer qui ressemble au corp (voyez Corp.) par la forme du corps & de la queue, & par le nombre des nageoires ; il en differe par la grandeur, par la couleur, & en ce qu’il a la tête moins large & applatie sur les côtés : il est d’une couleur plus rouge ; la face extérieure des nageoires qui sont près des ouies n’a point de taches rouges, & la face intérieure, au lieu d’être d’un verd mélé de noir, comme dans le corbeau, se trouve en partie jaunâtre, & en partie noirâtre. Il a des aiguillons courts & pointus, rangés sur une ligne qui s’étend depuis les ouies jusqu’à la queue. Ce poisson n’a point d’écailles, tout son corps est couvert d’une peau rude ; il s’éleve un peu au-dessus de l’eau par le moyen de ses nageoires qui lui servent d’aîles ; enfin il est pendant la nuit lumineux. Rondelet, hist. des poiss. I. partie, liv. X. chap. vij. Voyez Poisson.

Milan, (Matiere médic.) comme cet oiseau se nourrit d’animaux, ses humeurs sont empreintes de beaucoup de sel volatil & d’huile.

Sa chair est propre pour l’épilepsie, pour la goutte ; son foie & son fiel sont estimés bons pour les maladies des yeux, étant appliqués dessus.

Sa graisse est propre pour les douleurs de jointures.

Sa fiente est résolutive. Lemeri, Dict. des drogues.

Milan, (Géog.) en latin Mediolanum Insubrinæ ; voyez ce mot ; ancienne ville d’Italie, capitale du duché de Milan.

Elle a souvent été ravagée, & même détruite par les plus terribles fléaux, la peste & la guerre, entre autres années, en 1162, que Fréderic I. dit Barberousse, la rasa, & y sema du sel. Mais elle s’est si bien rétablie, qu’elle figure aujourd’hui avec les grandes & belles villes de l’Europe.

Sa forme est assez ronde ; le circuit de ses murailles est de 8 à 9 milles italiques, & le nombre de ses habitans d’environ deux cent mille ames. Elle a quantité d’églises, un archevêché, une citadelle, une université, une académie de peinture, & une

bibliotheque, appellée Ambroisienne, où l’on compte 10 mille manuscrits.

C’est en même tems une chose fort étrange, qu’une ville de cette conséquence soit bâtie au milieu des terres, sans mer & sans rivieres qui fassent son commerce. Ces défauts sont foiblement réparés par les eaux de sources, les petits ruisseaux, & par les canaux de l’Adda & du Tésin, qui fournissent une eau courante dans le fossé de l’enceinte intérieure de la ville.

Milan est la patrie de Valere Maxime, historien latin, qui florissoit sous Tibere ; du célebre jurisconsulte Alciat ; de Philippe Decius, qui enseigna le droit à Pavie, à Bourges, à Valence, & fut nommé par Louis XII. conseiller au parlement ; d’Octavio Ferrari, savant, versé dans les antiquités romaines ; du cardinal Jean Moron, homme d’un mérite rare ; des papes Alexandre II. Urbain III. Célestin IV. Pie IV. & Grégoire XIV. qui prit le parti de la ligue contre Henri IV. Cette ville a aussi produit d’autres hommes illustres, parmi lesquels se trouvent les maisons des Galéas, de Sforces, & de Trivulces.

Milan est à 14 lieues N. E. de Casal, 28 N. E. de Gènes, 26 N. O. de Parme, 27 N. E. de Turin, 30 N. O. de Mantoue, 58 N. O. de Florence, 110 N. O. de Rome. Long. selon Cassini & Lieutaud, 25. 51. 30. lat. 45. 25. (D. J.)

MILANDRE, s. m. (Hist. nat.) poisson de mer auquel on a donné aussi le nom de cagnot, c’est-à-dire, petit chien. Rond. Hist. des Poiss. prem. part. l. XIII. chap. iv. Voyez Chien de mer. Voyez Poisson.

MILANEZ, le (Géogr.) ou le duché de Milan, pays considérable d’Italie, borné au nord par les Suisses & les Grisons ; à l’orient par la république de Venise, & par les duchés de Parme & de Mantoue ; au midi par le mont Apennin, & par l’état de Gènes ; à l’occident par les états du duc de Savoie, & par le Montferrat.

Son étendue du septentrion au midi peut être d’environ 80 milles, & de 60 d’orient en occident. Il est très-fertile en marbre, en blés, & en vins ; le riz y croît en abondance, par les canaux qu’on a tiré du Tésin, une de ses principales rivieres. Les autres sont le Po, l’Adda, & la Sessia.

On le divise en 13 parties, le Milanez propre, le Pavésan, le Lodésan, le Crémonese, le Comasque, le comté d’Anghiera, les vallées de Sessia, le Novarese, le Vigévanois, la Lauméline, l’Alexandrin, le Tortonese, & le territoire de Bobio.

Passons aux révolutions de cet état. Après que Charlemagne eut donné fin au royaume des Lombards, en 774, le Milanez fit partie de l’empire, & les empereurs y créerent des gouverneurs, qui acquirent dans la suite un grand pouvoir, prirent le titre de seigneurs de Milan, & formerent une principauté indépendante. Le premier fut Alboin, qui vivoit dans le dixieme siecle ; Jean Galéas, un de ses successeurs, fut duc de Milan, en 1395, & mourut en 1402. Ses deux fils ne laisserent point d’enfans légitimes, de sorte qu’après la mort du dernier, en 1447, ce beau pays devint l’objet de l’ambition de plusieurs princes, de l’empereur, des Vénitiens, d’Alphonse, roi de Naples, de Louis duc de Savoie, & de Charles duc d’Orléans. Enfin, l’an 1468, cet état passa sous les lois du bâtard d’un paysan, grand homme, & fils d’un grand homme. Ce paysan est François Sforce, devenu par son mérite connétable de Naples, & puissant en Italie. Le bâtard de son fils avoit été un de ces Condoltieri, chef de brigands disciplinés, qui louoient leurs services aux papes, aux Vénitiens, aux Napolitains. Non-seulement les Milanez se soumirent à lui, mais il prit Gènes, qui flottoit alors d’esclavage en esclavage.