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Quant aux miroirs elliptiques, paraboliques, on n’en sait guere que les propriétés suivantes :

1°. Si un rayon tombe sur un miroir elliptique en partant d’un des foyers, il le réfléchit à l’autre foyer : de façon qu’en mettant à l’un des foyers une bougie allumée, sa lumiere doit se rassembler à l’autre.

Si le miroir est parabolique, les rayons qui partent de son foyer & qui tombent sur la surface du miroir, sont réfléchis parallelement à l’axe ; & réciproquement les rayons qui viennent parallélement à l’axe tomber sur la surface du miroir, comme ceux du soleil, sont tous réfléchis au foyer.

2°. Comme tous les rayons que ces miroirs réfléchissent doivent se rassembler en un même point, ils doivent être par cette raison les meilleurs miroirs ardens, au moins, si on considere la chose mathématiquement ; cependant les miroirs sphériques sont pour le moins aussi bons. On en verra la raison à l’article Ardent.

3°. Comme le son se réfléchit suivant les mêmes lois que la lumiere, il s’ensuit qu’une figure elliptique ou parabolique est la meilleure qu’on puisse donner aux voûtes d’un bâtiment pour le rendre sonore. C’est sur ce principe qu’est fondée la construction de ces sortes de cabinets appellés cabinets secrets, dont la voûte est en forme d’ellipse ; car si une personne parle tout bas au foyer de cette ellipse, elle sera entendue par une autre personne qui aura l’oreille à l’autre foyer, sans que ceux qui sont répandus dans le cabinet entendent rien. De même si la voûte a une forme parabolique, & qu’une personne soit placée au foyer de cette voûte, elle entendra facilement tout ce qu’on dira très-bas dans la chambre, & ceux qui y sont entendront réciproquement ce qu’elle dira fort bas. Voyez Cabinets secrets, Écho, &c. Chambers & Wolf. (O)

Miroirs ardens, (Physiq. Chimie & Arts.) dans le premier volume de ce Dictionnaire on a donné la description de plusieurs miroirs ardens. Voyez l’article Ardens, (Miroirs). Mais depuis la publication de ce volume, on a fait quelques découvertes intéressantes à ce sujet qui méritent de trouver place ici ; elles sont dûes à M. Hoesen, méchanicien du roi de Pologne électeur de Saxe, établi à Dresde.

On avoit jusqu’ici imaginé deux manieres de faire les miroirs ardens métalliques : 1°. on se servoit pour cela d’un alliage de cuivre, d’étain & d’arsenic ; on faisoit fondre ces substances, ensuite de quoi on creusoit la masse fondue pour la rendre concave, & quand elle avoit été suffisamment creusée, on leur donnoit le poli. Ces miroirs ardens réfléchissent très bien les rayons du soleil, mais ils ont l’inconvénient d’être fort couteux, très-pesans & difficiles à remuer ; d’ailleurs il n’est point aisé de les fondre parfaitement, on ne peut leur donner telle grandeur que l’on voudroit, ni leur faire prendre exactement une courbure donnée.

2°. Gartner avoit imaginé un moyen qui remédioit à une partie de ces inconvéniens ; il faisoit des miroirs de bois qu’il couvroit de feuilles d’or, ou qu’il doroit à l’ordinaire ; il est vrai que par-là il les rendoit beaucoup plus légers, mais la dorure se gâtoit facilement par les étincelles, les éclats & les matieres fondues qui partent des substances que l’on expose au foyer d’un pareil miroir ardent.

M. Hoesen a tâché de remédier à tous ces défauts : pour cet effet il commence par assembler plusieurs pieces de bois solides & épaisses, qui en se joignant bien exactement, forment un parquet parabolique, ou qui a la concavité que le miroir doit avoir ; il recouvre cette partie concave avec des lames de cuivre jaune, qui s’y adaptent parfaitement ; ces lames se joignent si exactement les unes les autres, que l’on a de la peine à appercevoir leur jonction : on

polit ensuite ces lames avec le plus grand soin. Lorsque le miroir ardent a été ainsi préparé, on le fixe par le moyen de deux vis de fer sur deux bras de bois qui portent sur un pivot sur lequel ils tournent ; le tout est soutenu sur un trépié dont chaque pié est porté sur une roulette, de maniere qu’un seul homme suffit pour donner au miroir telle position que l’on souhaite. Outre la légéreté, ces miroirs ne sont point sujets à être endommagés par les matieres qui peuvent y tomber. Un arc de fer flexible est assujetti à deux des extrémités d’un des diametres du miroir ; il est destiné à présenter les objets que l’on veut exposer au feu solaire : au moyen de deux écrous on peut à volonté éloigner & rapprocher les objets du foyer. Au milieu de cet arc est une ouverture ovale, aux deux côtés de laquelle sont deux fourchettes, sur lesquelles on appuie les objets que l’on veut mettre en expérience, & que l’on assujettit par de petites plaques mobiles de fer blanc.

En 1755 M. Hoesen avoit fait quatre miroirs ardens de cette espece, qu’il fit annoncer aux curieux. Le premier de ces miroirs avoit neuf piés & demi de diametre ; sa plus grande concavité ou courbure avoit seize pouces ; la distance du foyer étoit de quatre piés. Le second avoit environ six piés & demi de diametre ; la distance du foyer étoit de trois piés. Le troisieme avoit cinq piés trois pouces de diametre ; le foyer étoit à vingt-deux pouces. Enfin le quatrieme avoit quatre piés deux pouces de diametre, sept pouces de concavité, & le foyer étoit à vingt-un pouces.

Les foyers de tous ces miroirs ardens n’avoient point au-delà d’un demi-pouce de diametre ; ce qui fait voir qu’ils étoient très propres à rapprocher les rayons du soleil. Le docteur Chrétien Gothold Hoffman a fait un grand nombre d’expériences avec le troisieme de ces miroirs, c’est-à-dire avec celui qui avoit cinq piés trois pouces de diametre, dix pouces de concavité, & dont la distance du foyer étoit de vingt-deux pouces : par son moyen il est parvenu à vitrifier les substances les plus réfractaires.

En trois secondes un morceau d’amiante se réduisit en un verre jaune verdâtre : en une seconde du talc blanc fut réduit en verre noir.

Un morceau de spatlh calcaire feuilleté entra en fusion au bout d’une minute. La même chose arriva en une demi-seconde à des crystaux gypseux. En un mot toutes les terres & les pierres subirent la vitrifaction, les unes plus tôt, les autres plus tard. La craie fut de tous les corps celui qui résista le plus longtems à la chaleur du miroir ardent. Ces expériences sont rapportées au long dans un mémoire inséré dans un des magasins de Hambourg.

Miroir des anciens, (Hist. des Invent.) voici sur ce sujet des recherches qu’on a insérées dans l’histoire de l’acad. des Inscriptions, & qui méritent de trouver ici leur place.

La nature a fourni aux hommes les premiers miroirs. Le crystal des eaux servit leur amour propre, & c’est sur cette idée qu’ils ont cherché les moyens de multiplier leur image.

Les premiers miroirs artificiels furent de métal. Cicéron en attribue l’invention au premier Esculape. Une preuve plus incontestable de leur antiquité, si notre traduction est bonne, seroit l’endroit de l’exode, chap. xxxviij. v. 8. où il est dit qu’on fondit les miroirs des femmes qui servoient à l’entrée du tabernacle, & qu’on en fit un bassin d’airain avec sa base.

Outre l’airain on employa l’étain & le fer bruni ; on en fit depuis qui étoient mélés d’airain & d’étain. Ceux qui se faisoient à Brindes passerent longtems pour les meilleurs de cette derniere espece ; mais on donna ensuite la préférence à ceux qui étoient faits d’argent ; & ce fut Praxitele, différent du célebre