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Le mal est encore bien plus grand, s’il se trouve dans la dent molaire, deux racines crochues en sens opposé, ou si chaque crochet se rapproche l’un de l’autre par son extrémité. Il est alors impossible d’ôter la dent, sans briser les cloisons osseuses qui forment chaque loge de l’alvéole, & dans lesquelles les racines sont engagées : si au contraire les cloisons résistent, les racines crochues doivent nécessairement se casser.

Fauchard a vu une dent molaire qui paroissoit composée de deux autres, entre les racines desquelles il se trouvoit une troisieme dent, dont la couronne étoit unie à la voûte que formoient les racines des deux autres dents. Le même auteur dit avoir vu une autre dent molaire composée de deux dents unies ensemble par sept racines.

Eustache rapporte avoir vu dans un particulier quatre dents molaires, si étroitement unies, qu’elles ne faisoient qu’une seule piece d’os. Genga assure avoir trouvé dans un des cimetieres de Rome, une tête dont la mâchoire supérieure n’avoit que trois dents, savoir deux molaires, qui chacune étoit divisée en cinq ; & la troisieme dent formoit les canines & les incisives.

Il est très-rare que les dents molaires reviennent après être tombées ; cependant Eustachius & Fallope en citent des exemples. Diémerbroek assure avoir vu un homme de quarante ans, à qui la dent molaire, voisine de la dent canine, étoit revenue.

La sortie des dernieres dents molaires cause souvent de grandes douleurs aux adultes ; le moyen le plus sûr pour avancer la sortie de ces sortes de dents, c’est de faire une incision avec la lancette sur le corps de la dent qui a de la peine à percer. (D. J.)

MOLALIA, ou MULALY, (Géog.) île d’Afrique, dans le canal de Mosambique, l’une des îles de Comore. Elle abonde en vaches, en moutons à grande & large queue, en volaille, en oranges, en citrons, bananes, gingembre, & riz.

MOLDAVIE, Moldavia, (Géog.) contrée d’Europe, autrefois dépendante du royaume d’Hongrie, aujourd’hui principauté tributaire du turc. C’est proprement la Valaquie supérieure, qui a pris du fleuve Molda, le nom qu’elle porte aujourd’hui.

Elle est bornée au nord par la Pologne, au couchant par la Transylvanie, au midi par la Valaquie, & à l’orient par l’Ukraine. Elle est arrosée par le Pruth, par le Moldà, & par le Bardalach. Jassy en est le lieu principal.

La Moldavie a eu autrefois ses ducs particuliers, dépendans ou tributaires des rois de Hongrie. On les appelloit alors communément myrtzas, ou waivodes ; myrtza signifie fils du prince, & waivode, homme du roi, gouverneur. Les chefs de Valaquie & de Moldavie, s’étant soustraits de l’obéissance des rois de Hongrie, prirent des Grecs le nom de despotes, qui étoit la premiere dignité après celle de l’empereur. On leur donna dans la suite le nom de hospodars, ou de palatins.

En 1574, Sélim II. soumit la Moldavie ; & sous Mahomet III. ce pays, de même que la Valaquie, secoua le joug des Ottomans. Mais depuis 1622, les waivodes de Moldavie sont devenus dépendans des Turcs & leurs tributaires. Long. de ce pays 43. 10-47. lat. 45. 10. 49. (D. J.)

MOLDAVIQUE, moldavica, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, labiée, & dont la levre supérieure est un peu voutée, & fendue en deux parties relevées ; la levre inférieure est aussi découpée en deux parties, qui se terminent en deux gorges frangées. Le calice est fait en tuyau, & partagé en deux levres souvent inégales ; il s’éleve du fond de ce calice un pistil, qui tient à la partie postérieure de la fleur comme un clou ; ce pistil est ac-

compagné de quatre embryons, qui deviennent dans

la suite autant de semences oblongues, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte huit especes de ce genre de plante, dont la plus commune est à feuilles de bétoine, & à fleurs bleues ou blanches : moldavica betonicæ folio, flore coeruleo, aut albo ; en anglois, turkey-blam blue flowered.

C’est une plante annuelle qui s’éleve à la hauteur d’environ deux piés. Ses tiges sont quarrées, rougeâtres, rameuses. Ses feuilles sont oblongues, de la figure de celles de la bétoine, rangées trois sur une même queue, dentelées sur les bords. Ses fleurs sont verticillées ; chacune est un tuyau évasé par en haut, en gueule, c’est-à-dire, découpée en deux levres ouvertes, de couleur bleue ou blanchâtre, soutenue d’un calice épineux. Quand cette fleur est passée, il lui succede des semences longues, noires, enfermées dans une capsule qui avoit servi de calice. Cette plante a l’odeur & le goût de la mélisse ordinaire, mais plus fort & moins agréable.

La plus curieuse espece de moldavique est nommée dans Tournefort, moldavica americana, trifolia, odore gravi, & par les Anglois qui la cultivent beaucoup, the balm of gilead ; c’est une plante permanente, qu’on peut multiplier de bouture, ses feuilles broyées dans les mains, donnent une odeur très-forte de baume. (D. J.)

MOLDAW, ou MOLDAWA, (Géogr.) riviere de la Turquie en Europe, dans la Modavie. Elle a sa source à l’occident de Kotinora, & vient se perdre dans le Danube auprès de Brahilow. (D. J.)

MOLE, lune de mer, mole boust, (Pl. XIII. fig. 6.) poisson de mer qui grogne comme un cochon quand on le pêche. Il a quatre, cinq ou six coudées de longueur ; il est large & de figure ovale ; il a la bouche petite & les dents larges. La partie antérieure du corps un peu pointue, & la postérieure large & arrondie. Il est couvert d’une peau rude & luisante comme de l’argent ; les ouïes ont leur ouverture située au centre du corps. Ce poisson a deux nageoires arrondies, courtes & larges, & deux autres plus longues & plus étroites près de la queue, dont l’une se trouve contre l’autre, & l’autre sur le dos ; la queue est faite en croissant ; on tire de la mole beaucoup de graisse, qui ne sert qu’à brûler, parce qu’elle a une mauvaise odeur, ainsi que sa chair, qui devient comme de la colle quand elle est cuite. Ce poisson est lumineux pendant la nuit. Rondelet, Hist. des poiss. part. premiere, liv. XV. ch. iv. Voyez Poisson.

Mole, s. f. en Anatomie, est une masse charnue, dure & informe, qui s’engendre quelquefois dans la matrice des femmes, au-lieu d’un fœtus ; on l’appelle aussi fausse conception. Voyez Conception.

Les Latins ont donné à cette masse le nom de mola, c’est-à-dire meule, parce qu’elle a en quelque sorte la forme & la dureté d’une meule.

La mole est un embryon manqué, qui seroit devenu un enfant, si la conception n’avoit pas été troublée par quelque empêchement. Quoiqu’elle n’ait proprement ni os, ni visceres, &c. souvent néanmoins ses traits n’y sont pas tellement effacés, qu’elle ne conserve quelques vestiges d’un enfant. On y a quelquefois apperçu une main, d’autre fois un pié ; mais le plus souvent un arriere-faix. Il y a rarement plus d’une mole à la fois. Sennert observe néanmoins qu’il s’en est trouvé deux, trois, ou même davantage. Il ajoute que, quoique les moles viennent ordinairement seules ; on en a cependant vû venir avec un fœtus, quelquefois avant, & quelquefois après. Voyez Conception.

La mole se distingue d’un embryon, en ce qu’elle