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cour des monnoies de Paris. Suivant cet édit, le prevôt général des monnoies de Lyon doit faire juger en cette cour des monnoies les procès par lui instruits contre les délinquans dont il aura fait la capture dans l’étendue de la généralité de Lyon ; & hors cette généralité, il doit faire juger les procès par lui instruits au plus prochain présidial. (A)

Hôtel de la monnoie. C’est à Nancy que les ducs de Lorraine faisoient battre monnoie. Le duc René II. y fit construire un hôtel de la monnoie ; il fut démoli & reconstruit avec plus de magnificence sous le regne du duc Léopold en 1720. Les officiers de la monnoie y logeoient. Toutes les machines qui servent à la fabrication y sont encore ; mais il n’en a été fait usage, depuis l’avénement du roi Stanislas, que pour y frapper des médailles.

La chambre des comptes de Lorraine est en même tems cour des monnoies, & elle en a toutes les attributions.

MONNOYAGE au marteau et au moulin, (Hist. des monnoies.) action de marquer les flancs de l’empreinte qu’ils doivent avoir, par le moyen du marteau ou du moulin.

Toutes les especes de France ont été fabriquées au marteau jusqu’au regne d’Henri II, que les inconvéniens de ce monnoyage firent penser à lui en substituer un meilleur. Un menuisier nommé Aubry Olivier, inventa pour lors l’art de monnoyer au moulin ; & ce fut Guillaume de Marillac, général des monnoies, qui le produisit à la cour, ou tout le monde admira la beauté des essais qu’il fit. Le roi lui permit l’établissement de ce monnoyage par ses lettres-patentes du 3 de Mars 1553, lesquelles portent : « Nous avons pourvu Aubry Olivier de l’office de maître & conducteur des engins de la monnoie au moulin ». Et Aubry Olivier s’associa Jean Rondel & Etienne de Laulne, graveurs excellens, qui firent les poinçons & les carrés.

Cette monnoie fut la plus belle qu’on eut encore vue ; mais parce que la dépense excédoit de beaucoup celle de la monnoie au marteau, il arriva qu’en 1585 Henri III. défendit de faire à l’avenir de la monnoie au moulin, & les machines d’Aubry Olivier ne servirent plus qu’à frapper des médailles, des jetons, & autres pieces de ce genre.

Nicolas Briot tâcha en 1616 & en 1623 de faire recevoir à la monnoie l’usage d’une nouvelle machine très-propre au monnoyage, qu’il disoit avoir inventée ; mais n’ayant pu la faire goûter dans ce royaume, il se rendit en Angleterre, où on l’approuva peu de tems après. Les machines d’Aubry Olivier ayant passé des mains de ses héritiers dans celles de Warin, celui-ci les perfectionna, de façon qu’il n’y eut plus rien de comparable pour la force, la vîtesse & la facilité avec laquelle on y frappoit toutes sortes de pieces, qui y recevoient l’empreinte d’un seul coup, au lieu qu’auparavant on ne pouvoit les marquer que par sept ou hait coups, dont l’un gâtoit bien souvent l’empreinte des autres.

Des avantages si sensibles firent qu’en 1640 on commença à Paris de ne plus se servir que du balancier & des autres machines nécessaires pour monnoyer au moulin ; & qu’au mois de Mars 1645 on supprima entierement en France l’usage du monnoyage au marteau. Pour lors Warin fut nommé maître & directeur général des monnoies dans le royaume, & nos especes devinrent si belles & si parfaites, qu’elles ont été admirées de toutes les nations policées.

A cette invention on en a ajouté une autre, qui est celle de marquer un cordon sur la tranche dès especes d’or & d’argent, en même tems qu’on marque la pile. La machine servant à cet usage a été inventée par le sieur Castaing, ingénieur du roi, &

l’on commença à l’employer en 1685. (D. J.)

Monnoyage, (Art de fabriquer les monnoies.) On monnoyoit anciennement les especes au marteau ; cette manutention a été abandonnée dans presque toutes les parties de l’Europe ; on suit maintenant en France, en Angleterre, &c. celle du laminoir & du balancier, comme moins couteuse, plus prompte & bien plus parfaite. Mais, pour suivre cet art avec ordre, commençons de l’instant où le monnoyage au marteau a été abandonné, & ce qui y a donné lieu. Jusqu’au regne de Henri II. on s’étoit toujours servi du marteau dans les monnoies de France : ce fut ce prince, qui le premier ordonna en 1553 que l’on fabriqueroit des tartoufles au laminoir dans son palais. Personne ne doute plus que l’inventeur du laminoir, appellé anciennement & aujourd’hui par les ouvriers, moulin, ne fût Antoine Brucher, non Aubry Olivier, qui n’en étoit que l’inspecteur ou conducteur.

Henri III. en 1585, rétablit la manutention du marteau, & la fabrication au laminoir ne servit plus que pour les médailles, les jetons, & les pieces de fêtes ou de plaisirs.

Enfin, l’ancienne maniere fut entierement abolie par Louis XIV. qui par son édit du mois de Mars 1645, défendit aux ouvriers & autres officiers des monnoies, de fabriquer aucune monnoie ailleurs ni autrement, que par la voie du laminoir, & ce pour rendre toutes les monnoies uniformes, & eviter tous les abus qu’on pouvoit si facilement commettre, & qui continuellement s’introduisoient dans la fabrication au marteau.

On a continué depuis ce tems à se servir du laminoir dans tous les hôtels des monnoies de France, la commodité des ouvriers & la beauté de l’ouvrage s’y trouvant également. Son effet est trop sûr pour ne pas regarder le monnoyage au marteau comme aneanu pour toujours, quoique l’on s’en serve encore en Hollande.

Pour le monnoyage au laminoir & au balancier, il faut poinçon des matrices ou des carrés avec lesquels on puisse imprimer sur les flancs, c’est-à-dire sur les morceaux de métal disposés à recevoir l’effigie du prince, ou les autres marques & légendes qui caractérisent les especes, & qui reglent leur poids & leur prix. Ayant expliqué ailleurs la maniere de les tailler & de les graver, on ne la répétera pas ici. Voyez Poinçon, Matrice, Carré, Légende.

Les Monnoyeurs ne fabriquent point d’especes d’or & d’argent sans alliage, & mettent toujours du cuivre avec ces deux métaux. Les raisons de ces coutumes sont la rareté de ces métaux, la nécessité de les rendre plus durs par le mélange de quelque corps étranger ; & en-outre par ce moyen d’éviter les dépenses de la fabrication qui se doivent prendre sur les especes fabriquées. Voyez Alliage.

Il y a deux sortes d’alliages qui se font dans la fabrique des monnoies : l’un quand on emploie des matieres d’or & d’argent, qui n’ont point encore servi pour le monnoyage : & l’autre, lorsque l’on fond ensemble diverses sortes d’especes ou de lingots de différens titres, pour en faire une nouvelle monnoie.

L’évaluation ou plutôt la proportion de l’alliage avec le fin, est facile dans le premier cas ; mais elle a plus de difficulté dans le second. Tous les auteurs qui ont traité des monnoies, ont donné des tables pour faire cette réduction ; & les calculs donnent aussi des méthodes & formules d’alliage, dont on peut se servir. Voyez Regle d’alliage.

Voici une méthode que l’on suit assez communément : quand on veut faire un alliage ou plutôt