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mobile, & fortement attachée avec des vis sur une plaque de cuivre, qui l’est elle-même à une table fort épaisse.

L’autre lame est mobile & coule sur la plaque de cuivre, par le moyen d’une manivelle & d’une roue de fer à pignon, dont les dents s’engrenent dedans la denture qui est sur la superficie de la lame coulante.

Le flanc placé horisontalement entre ces deux lames, est entraîné par le mouvement de celle qui est mobile, ensorte que lorsqu’il a décrit un demi-cercle, il se trouve entierement marqué.

Cette machine est si commode qu’un seul homme peut marquer 20000 flancs en un jour.

Ce fut Castaing, ingénieur, qui la trouva : elle fut, comme on conçoit facilement, reçue avec applaudissement ; on en fit usage en 1685, & l’ordonnance en fut rendu cinq ans après. C’est ici l’endroit de rendre justice à Castaing. Les Anglois prétendent avoir eu la marque sur tranche avant Castaing.

Voici la preuve qu’ils en donnent. Olivier Cromwel en 1658 fit frapper des pieces appellées couronne & demi-couronne, qui sont marquées sur tranche. Mais long-tems avant Cromwvel on avoit marqué sur tranche avec des viroles. Voyez Virole.

Cette opération se faisoit en mettant le flanc dans une virole juste qu’il excédoit de hauteur ; & en frappant dessus plusieurs coups de balancier ; la matiere s’étendoit, & recevoit l’empreinte des lettres qui étoient gravées sur la virole.

Lorsque les flancs sont marqués sur tranche, on les acheve au balancier, dont on peut voir la figure, qui est une invention de la fin du seizieme siecle.

Les principales parties du balancier sont le fléau, la vis, l’arbre, les deux platines, & les boîtes. Toutes ces parties, à la réserve du fléau, sont contenues dans le corps du balancier, qui est quelquefois de fer, mais plus souvent de fonte ou de bronze. Ce corps qui est très massif pour soutenir l’effort du travail, est porté par un fort massif de bois ou par un bloc de marbre. Le fléau qui est placé horisontalement au-dessus du corps du balancier, est une longue barre de fer, quarrée, garnie à chaque bout d’une grosse sphere de plomb ; le mouvement de cette masse fait toute la force du coup. Il y a au fléau des anneaux auxquels sont attachés des cordons que des hommes tirent.

Dans le milieu du fléau est enclavée la vis ; elle s’engrene dans l’écrou qui est travaillé dans la partie supérieure du balancier même, & presse l’arbre qui est au-dessous. A cet arbre qui est dressé perpendiculairement & qui traverse les deux platines qui servent à lui conserver régulierement cette situation, est attaché le carré ou coin d’écusson dans une espece de boîte, où il est retenu par des vis & leurs écrous Enfin, la boîte où se met le coin d’effigie, est tout au dessus, & solidement attachée à la partie inférieure du corps du balancier qu’on voit, Pl. de Mon. il y a aussi un autre petit ressort à la boîte de dessous pour en détacher l’espece quand elle a reçu l’empreinte. Enfin, il y a au bas du balancier une profondeur qui s’appelle la fosse où se tient aussi le monnoyeur qui doit mettre les flancs entre les carrés ou les en retirer quand ils sont marqués. Voyez Balancier.

Lorsqu’on veut marquer un flanc, ou frapper une médaille, on le met sur le carré d’effigie ; & à l’instant des hommes tirant chacun de leur côté un des cordons du fléau, sont tourner la vis qui est enclavée qui par ce mouvement fait baisser l’arbre. On tient le carré d’écusson, ensorte que le métal qui

se trouve au milieu, prend la double empreinte des deux carrés.

Les flancs ainsi marqués des trois empreintes, de l’effigie, de l’écusson & de la tranche, deviennent monnoyés, ou comme on parle en terme de monnoies, deniers de monnoies ; mais ils n’ont cours qu’après la délivrance, & que la cour a donné permission aux directeurs des monnoies de les exposer en public.

Tout ce qui fait la différence entre le monnoyage des especes & celui des médailles au balancier, c’est que la monnoie n’ayant pas un grand relief, se marque d’un seul coup ; & que pour les médailles, il faut les rengrever plusieurs fois, & tirer plusieurs fois la barre avant qu’elles ayent pris toute l’empreinte : outre que les médailles dont le relief est trop fort, se moulent toujours sans sable & ne font que se rengrever au balancier, & quelquefois si difficilement qu’il faut jusqu’à douze ou quinze volées de fléaux pour les achever. Voyez Médaille.

On connoît qu’une médaille est suffisamment marquée, lorsqu’en la touchant avec la main dans le carré d’écusson, elle porte également de tout côté, & ne remue point. Voyez Médaille.

Monnoyage, (Fabrication de monnoie au marteau.) Quoique cette manutention ne soit plus d’usage, pour ne rien omettre de tout ce qui peut servir à l’histoire des Arts, voici le procédé que l’on suivoit.

La fonte du métal se faisoit, de même que les essais, à-peu près de la maniere que l’on a détaillée à l’article précedent ; c’est aussi tôt après la fonte des lames que commence la différence.

Les lames d’or, d’argent ou de cuivre, ayant été tirées des moules, on les étendoit sur l’enclume, après les avoir fait recuire ; ce qui s’appelloit battre la chaude. Après qu’elles étoient suffisamment battues, on les coupoit en morceaux ; ce qu’on nommoit couper carreaux, voyez Carreaux. Ces carreaux étoient ensuite recuits & flatis, voyez Flatir, c’est-à-dire recuits & étendus avec le marteau appellé flatoir ; puis ajustés, ce qu’on faisoit en coupant les angles avec des cisailles ; après quoi, en les coupant & arrondissant, on les réduisoit au poids des deneraux, voyez Deneral, suivant les especes ; ce qu’on appelloit approcher carreaux. Enfin on les réchauffoit, voyez Réchauffer, sur l’enclume, c’est-à-dire qu’on achevoit de les arrondir avec un marteau nommé réchauffoir, voyez Réchauffoir, qui rabattoit les pointes qui restoient encore à la tranche ; ensorte qu’on les réduisoit au volume des pieces qu’on vouloit fabriquer ; ce qu’on appelloit adoucir, quelquefois flatir.

Les carreaux en cet état se nommoient flancs : on portoit les flancs au blanchiment, voyez Blanchiment, comme on l’a dit à l’article précédent, ensuite on les donnoit aux monnoies pour les frapper au marteau.

Pour cette derniere opération qui achevoit la monnoie, on se servoit de deux poinçons ou coins, l’un nommé la pile, voyez Pile, & l’autre, trousseau, voyez Trousseau. Tous deux étoient gravés en creux ; la pile portoit l’écusson, & le trousseau l’effigie du prince, ou la croix ; & l’autre, leur légende, & le grénetis, le millésime, voyez Millésime.

La pile qui avoit environ huit pouces de hauteur, avoit une espece de talon au milieu, & finissoient en pointe ; elle avoit cette figure, pour être plus facilement enfoncée, & plus solidement attachée au billot nommé cépeau, voyez Cépeau, sur lequel on battoit la monnoie.

Le monnoyeur ayant mis le flanc horisontale-