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terre glaise : il la mêle avec du sable & du verre pilé, parce que cette terre se fendroit si on l’employoit seule. Il prend deux tiers de cette terre bien triée & nettoyée : il y ajoute un sixieme de verre pilé & un sixieme de bon sable pur, il fait paîtrir le tout pendant plusieurs heures, afin que le mélange soit par-tout le plus égal qu’il est possible. Il préfere cependant les creusets de Hesse réduits en poudre, au verre & au sable. La capacité d’une mouffle se regle sur la grandeur du fourneau : elle doit avoir de long huit de ses parties sur cinq de large, & trois & demie de hauteur. Borrichius & plusieurs essayeurs d’Allemagne les demandent de deux pieces ; l’une est une espece de voûte représentant à-peu-près la coupe d’un demi-cylindre creux, ferme à son fond : les côtés & le fond sont percés de plusieurs trous pour donner passage à quelques jets de flamme : le bas de ces côtés doit être un peu recourbé pour recevoir une planchette de terre bien cuite, composée comme celle de la voute. Cette planchette mobile est le sol ou tablette sur laquelle on place les coupelles.

« Que ces mouffles soient d’une seule ou de deux pieces, il faut que les trous des côtés & du fond soient percés très-près de la tablette, & fort petits, sans quoi le charbon qui petille, fait aller jusque sur les coupelles de petits éclats qui retardent les essais, en ressuscitant le plomb, à mesure qu’il se convertit en litharge. Cependant, dans quelques endroits de l’Allemagne, on est dans l’usage de faire ces trous des côtés & du fond de la mouffle beaucoup plus grands & en arc : mais alors on est obligé de gouverner le feu, ou la chaleur du dedans de la mouffle, par de petites pieces de terre cuite que l’on nomme instrumens, ce qui devient une difficulté pour ceux qui ne sont pas dans l’habitude de s’en servir. Ainsi j’estime mieux une mouffle percée de petits trous d’une ligne ou d’une ligne & demie de diametre ; les essais y passent aisément ; & au cas que la chaleur n’y soit pas assez forte pour quelques épreuves, comme pour rafiner un bouton de cuivre noir en cuivre rosette, on y remédie en mettant du charbon allumé dans l’intérieur de cette mouffle ». Voyez Instrumens Docim. (b)

Mouffle, terme de Gantier, espece de gant fourré dont les doigts ne sont point séparés, & qu’on appelle aussi des mitaines. Voyez Mitaine.

Moufle, s. f. (Serrurerie.) barres de fer à l’extrémité desquelles on a pratiqué des yeux. On contient ces barres par des clavettes qui passent dans les yeux. Les pieces auxquelles on applique des mouffles sont contenues dans l’état qu’on leur veut. C’est par cette raison qu’on moufle les cuves, & les murs, lorsqu’ils tendent à s’écarter. Il faut distinguer trois parties dans la moufle double, deux yeux l’un au-dessus de l’autre, entre lesquels il y a un espace suffisant pour recevoir l’autre extrémité de la moufle, qui est par cette raison en fourche ; la partie qui n’a qu’un œil & qui se place dans la fourche, & la clavette qui lie le tout & forme la moufle complette. Pour faire une moufle on prend une barre de fer plat que l’on coupe de la longueur convenable ; on la fend où l’ouvrier pratique l’œil ; on plie la partie fendue en deux, & l’on soude le bout plié avec le reste de la barre, observant de donner à l’œil autant d’espace qu’en exige la clavette, & d’ouvrir la fourche assez pour recevoir l’autre partie de la moufle. Cela fait, on prend une autre barre, on l’étrécit par le bout ; on lui donne, en l’étrécissant, la figure qui convient à l’ouverture de la moufle ; on place cette partie comme la premiere ; on la soude avec la premiere barre :

cela fait on forge la clavette, & la moufle est finie.

MOUILETTES, (Plomb.) ce sont deux morceaux de bois creusés en dedans, dont les Plombiers, &c. se servent pour prendre l’outil appellé le fer à souder quand ils le retirent du feu pour appliquer & étendre leur soudure ; c’est proprement la poignée de l’outil coupée en deux dans la longueur, & qu’on réunit sur la queue du fer toutes les fois qu’on le prend tout chaud pour s’en servir. Voyez Fer à souder, & les fig. Pl. du Plombier.

MOUILLAGE ou Ancrage, s. m. (Marine.) c’est un endroit de la mer propre à donner fond & à jetter l’ancre. Tous les endroits où l’on peut mouiller ne sont pas également bons & sûrs. Il y a des fonds remplis de roches qui coupent ou rognent les cables ; d’autres où le fond est si dur que les ancres n’y peuvent mordre ; & d’autres ou le fond est si fin & si mou, que les ancres au moindre vent ne tiennent pas, dérapent ou labourent. Ces sortes de fonds sont de mauvais mouillages.

Mouillage, terme de Corroyeur, c’est une façon qu’on donne aux cuirs, les humectant avec de l’eau, pour les mettre en état de recevoir d’autres apprêts que le Corroyeur veut leur donner.

Il y a deux sortes de mouillages ; l’un se fait en les mettant tremper dans un tonneau plein d’eau, l’autre en les imbibant d’eau avec un balai ou un gypon.

Ces deux mouillages se font avec ou sans foulure ; ainsi on les foule aux piés après les avoir mouillés, ou bien on ne les mouille qu’afin de les étendre plus aisément sur la table où on a dessein de leur donner différentes façons. Voyez Corroyeur.

MOUILLE, (Marine.) terme de commandement que l’officier fait de laisser tomber l’ancre à la mer.

MOUILLER, v. act. (Gram.) c’est humecter avec de l’eau.

Mouiller, (Marine.) c’est jetter l’ancre pour arrêter le vaisseau. Cette manœuvre mérite attention, & l’on s’y prépare.

Quand on est proche du lieu du mouillage, on pare l’ancre & la bouée, & on élonge le cable jusqu’au grand mât, après quoi on lui donne un tour de bite, on ferle en même tems la grande voile, on cargue la misaine, & on amene aussi les huniers à mi-mât : enfin arrivé au lieu du mouillage, on borde l’artimon pour venir au vent ; on met un des huniers sur le mât, tandis qu’on ferle l’autre ; & lorsque l’aire du vaisseau est entierement perdue, & qu’il commence à s’abattre, on laisse tomber l’ancre, en filant doucement du cable autant qu’il est nécessaire.

Voilà la regle générale, mais à laquelle différentes circonstances apportent des changemens : par exemple, lorsqu’il y a du mauvais tems on va au mouillage avec la misaine seulement, dont on se sert pour rompre l’aire du vaisseau. Voyez le traité de la manœuv. du P. Hôte.

Mouiller à la voile, c’est jetter l’ancre lorsque le vaisseau a encore les voiles au vent.

Mouiller en croupiere, c’est faire passer le cable de l’ancre le long des précintes, & le conduire de-là à des anneaux de fer qui sont à la sainte-barbe : on le fait aussi quelquefois par les sabords.

Mouiller en patte d’oie, c’est mouiller sur trois ancres à l’avant du vaisseau ; ensorte que les trois ancres soient disposées en triangle.

Mouiller les voiles, c’est jetter de l’eau sur les voiles pour les rendre plus épaisses, ce qui leur fait mieux tenir le vent.

Mouiller, en terme de Potier, c’est l’action de tremper une piece dans une terre délayée fort claire. On ne mouille que quand l’ouvrage est achevé, &