soleil : ce vent regnoit en Grece, dans la Thrace, dans la Macédoine, & dans la mer Egée ; & ces pays sont situés entre la mer Noire, le golfe de Venise, & la Méditerranée. Le savant Varenius conjecturoit que ces vents étoient causés par la neige qui couvroit le sommet des montagnes de ce pays, & qui venoit à se fondre par la grande chaleur des jours caniculaires. Ce qui favorise cette conjecture, c’est que la fonte de ces neiges se faisoit pendant le jour, & non pas pendant la nuit ; de sorte que ce vent devoit aussi souffler le jour & non pas la nuit. Voyez Vent, Alisé & Étesiens, Article de M. Formey, qui l’a tiré de l’Histoire physique de M. Musschembrock, chap. des vents.
MOUSSURE, s. f. en terme de Potier de terre, sont des especes de barbes que le perçoir fait autour des trous. Voyez Perçoir.
MOUST, s. m. (Econom. rust.) vin au sortir de la grappe, qui n’a point encore fermenté.
MOUSTACHE, s. f. (Hist. mod.) partie de la barbe qu’on laisse au-dessus des levres ; on dit qu’entre les motifs qu’on apporta pour refuser aux laïcs la communion sous les deux especes, on fit valoir la raison contenue dans ce passage : Quia barbati & qui prolixos habent granos, dum poculum inter epulas sumunt, prius liquore pilos inficiunt quam ori infundunt.
Les Orientaux portent en général de longues moustaches qui leur donnent un air martial & terrible à leurs ennemis. Parmi les Turcs il n’y a guère que les leventins ou soldats de marine qui se rasent les joues & le menton, les autres laissent croître leur barbe pour paroître plus respectables. La plus grande menace qu’on puisse leur faire est celle de la leur couper, ce qu’ils regardent comme le plus outrageant de tous les affronts. Le roi de Suede, Charles XII. en ayant menacé dans une occasion les janissaires qui lui servoient de garde à Bender, ils s’en tinrent très-offensés.
Il n’y a pas plus de cent ans que tout le monde portoit la moustache en France, même les ecclésiastiques, comme on le voit par les portraits des cardinaux de Richelieu & Mazarin ; on les a releguées parmi les troupes, où les soldats sont même libres d’en porter, & il n’y a guère parmi nous d’officiers qui en portent que ceux des housards : les Chinois & les Tartares les portent longues & pendantes comme faisoient autrefois les Sarrasins.
Moustache, terme de Tireur d’or, manivelle qui se fiche dans les rochets & bobines des Tireurs d’or, & dont ils se servent pour tirer & devider leur fil d’or & soie. Voyez Rochet & Bobine.
MOUSTIER ou MONSTIER, (Géog.) en latin du moyen âge, Monasterium, petite ville de France, dans la Provence, à l’orient de la viguerie d’Aix, & du bailliage de Brignoles. Elle a droit de députer aux états ou assemblées de Provence ; on y voit un couvent de Servites, qui est le seul qu’il y ait de cet ordre en France. (D. J.)
Moustiers, (Géog.) en latin Monasterium, c’est le nom moderne de la ville de Tarentaise en Savoie, capitale du pays de Tarentaise ; mais cette capitale n’est qu’une grande bourgade toute ouverte & sans défense, coupée par l’Isere à 6 lieues N. E. de Saint-Jean de Moriene, 8 S. E. de Montmeillan, 25 N. O. de Turin, 10 S. E. de Chamberi. Long. 24. 6. lat. 45. 30. (D. J.)
MOUSTIQUE, s. f. (Hist nat.) petit moucheron de l’Amérique, fort incommode, presque imperceptible à l’œil, & qui regardé au-travers d’une loupe, ressemble assez à la mouche commune ; il se tient dans les lieux bas voisins du bord de la mer & derriere des rochers à l’abri du vent. Sa piquure occasionne une sensation brûlante, semblable à celle que
pourroit causer la pointe d’une aiguille très-fine rougie au feu.
MOUTARDE, s. f. (Hist. nat. Botan.) sinapi, genre de plante à fleur en croix, & composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice & devient dans la suite un fruit, ou une silique, qui est divisée en deux loges, par une cloison à laquelle tiennent des panneaux de chaque côté ; cette silique contient des semences le plus souvent arrondies, & elle est terminée pour l’ordinaire par une sorte de corne d’une substance fongueuse, qui renferme une semence semblable aux autres : ajoûtez à ce caractere le goût âcre & brûlant de la moutarde. Tournefort, Inst. rei. herb. Voyez Plante.
Tournefort compte douze especes de ce genre de plante, & Boerhaave quatorze ou quinze, au nombre desquelles la moutarde commune, & la moutarde blanche méritent une courte description.
Ce que j’appelle la moutarde commune, le sénevé ordinaire, ou la grande moutarde cultivée, est le sinapi sativum, apii folio, de C.B.P. 99. & de Tournefort I. R. H. 227.
Sa racine est annuelle, blanchâtre, ligneuse, fragile, branchue, garnie de fibres. Elle pousse une tige à la hauteur de trois, quatre, & cinq piés, moelleuse, unie, velue par le bas, divisée en plusieurs rameaux. Ses feuilles sont larges, assez semblables à celles de la rave ordinaire, mais plus petites & plus rudes ; les sommités de la tige & des rameaux sent garnies de petites fleurs jaunes, à quatre feuilles, disposées en croix, & fleurissant successivement. Lorsque ces fleurs sont tombées, il leur succede des siliques lisses & sans poil, assez courtes, anguleuses, pointues, remplies de semences presque rendes, rousses, noirâtres, d’un goût âcre & piquant.
Cette plante croît fréquemment sur les bords des fossés, parmi les pierres, & dans les terres nouvellement remuées ; on la cultive dans les champs, dans les jardins, & les Anglois ont extrèmement perfectionné cette culture ; leur graine de moutarde est la meilleure de l’Europe, elle fleurit en Juin : sa graine est sur-tout d’usage, tant dans les cuisines qu’en médecine.
La moutarde blanche, ou le sénevé blanc, sinapi apii folio siliqua hirsutâ, semine albo, aut rufo de Tournefort, I.R.H. 227 ; sa racine est simple, longue comme la main, grosse comme le doigt, ligneuse, blanche, & fibreuse.
Elle pousse une tige à la hauteur d’un pié & demi ou de deux piés, rameuse, velue, creuse : ses feuilles sont semblables à celles de la rave, découpées, sur-tout celles d’en-bas, garnies de poils roides, & piquans en-dessus & en dessous : ses fleurs sont jaunes, en croix, semblables à celles de l’espece précédente, mais plus larges, d’une couleur plus foncée, portées sur des pédicules plus longs, & d’une odeur agréable. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des siliques velues, terminées par une longue pointe vuide, qui contient quatre ou cinq graines presque rondes, blanchâtres ou roussâtres, âcres, & qui paroissent articulées ou noueuses : cette plante vient dans les champs naturellement parmi les blés ; on la cultive aussi beaucoup ; elle fleurit en Mai & Juin. ses graines murissent en Juillet & Août.
Les deux especes de moutarde que nous venons de décrire ont les même propriétés, & se substituent l’une à l’autre en médecine, on préfere cependant la premiere, parce que sa graine est d’un goût plus âcre & plus mordicant. On en tire une quantité d’huile très-considérable, fort peu de sel fixe simplement salin, beaucoup de terre, peu d’esprit urineux, & point de sel volatil concret.
M. de Tournefort a dêcrit & représenté dans ses