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le nom de Camenes. De plus, les muses & les graces n’avoient d’ordinaire qu’un même temple. On sait l’union intime qui étoit entre ces deux sortes de divinités. On ne faisoit guere de repas agréables, sans les y appeller conjointement, & sans les saluer le verre à la main. Hésiode, après avoir dit que les muses ont établi leur séjour sur l’Hélicon, ajoute que l’Amour & les Graces habitent près d’elles. Pindare confond leur jurisdiction. Enfin, personne ne les a tant honorées que les poëtes, qui ne manquent jamais de les invoquer au commencement de leurs poëmes, comme des déesses capables de leur inspirer ce noble enthousiasme qui est le fondement de leur art. Si on les en croit, les neuf filles savantes ordonnoient autrefois les cités, gouvernoient les états, vivoient dans les palais des rois,

Et d’une égalité légitime & commune
Faisoient tout ce que fait aujourd’hui la Fortune.

(D. J.)

MUSET, Voyez Musaraigne.

MUSETTE, s. f. instrument de musique, à vent & à anches, composé de plusieurs parties. La partie ABC, Pl. VI de Lutherie, fig. 1, 2, 3, 4, 5, 6, & 7, s’appelle le corps ou plus ordinairement la peau. C’est une espece de poche de peau de mouton, de la forme à-peu-près d’une vessie, laquelle a un gouleau dans lequel s’ajustent les chalumeaux DE, de. Cette poche est encore percée de deux trous FG. Au premier de ces trous s’ajuste le bourdon FH, Voyez Bourdon de musette. Le second G reçoit le bord verd IG qui a une soupape g à l’extrémité de la boîte (qui est la virolle d’ivoire Gg) qui entre dans le corps de la musette. A l’autre extrémité du porte-vent est une portion de tuyau d’ivoire I que l’on fait entrer dans le trou K du soufflet, afin que l’air contenu dans le soufflet puisse passer lorsqu’on le comprime dans le corps de l’instrument, où il est arrêté par la soupape g qui le laisse entrer, mais non pas ressortir. Le soufflet a une piece de bois ceintrée KL, laquelle est collée sur le dessous du soufflet. Elle sert à faire poser fermement le soufflet sur la hanche droite de celui qui joue de cet instrument. Les deux courroies OO, PD servent de ceinture, & par conséquent à attacher le soufflet sur le côté. Au-dessus du soufflet sont deux autres courroies QR, RI, desquels on ceint le bras droit. L’anneau dormant S sert à accrocher le crochet T de la seconde courroie qui se trouve ainsi plutôt ceinte au-tour du bras, que s’il falloit à chaque fois faire usage de la boucle R. Le côté des têtieres M du soufflet doit regarder le coude du bras droit, & le côté N qui est la pointe des éclisses, doit être tourné vers le poignet.

Au reste, la peau ou le corps de cet instrument n’est arrondi, comme on voit dans la figure, que lorsqu’il est rempli de vent ; on l’habille toujours, & pareillement le porte-vent, d’une espece de robe que l’on nomme couverture ; on couvre de même le soufflet, & ce qui en dépend. Le velours ou le damas sont ce qui convient le mieux pour faire ces couvertures ; parce que ces étoffes sont moins glissantes que les autres étoffes de soie, d’or ou d’argent, & par conséquent que la musette en est bien plus ferme sous le bras & la ceinture autour du corps. On peut enrichir cette couverture, autant que l’on veut, soit de galons ou point d’Espagne, ou de broderie, &c. car la parure convient fort à cet instrument. On peut mettre aussi une espece de chemise entre la peau & la couverture, ce qui entretient la propreté de celle-ci.

Il reste à parler des chalumeaux, du bourdon &

des anches. Les chalumeaux sont des tuyaux d’ivoire DE, de, voyez les fig. Pl. de Lutherie, perforés d’un trou cylindrique dans toute leur longueur, & percés de plusieurs trous comme les flûtes, qui communiquent à celui qui regne dans toute la longueur du chalumeau. L’extrémité inférieure appellée la patte, est ornée de différentes moulures, ce qui est assez indifférent. On ménage en tournant le chalumeau par-dehors des éminences dont on forme les tenons SSSS, que l’on fend en deux SS avec un entailloir droit ou courbe, qui sont de petites écoines représentées en CD, voyez les fig. C’est entre deux de ces tenons qu’on ajuste les clés d’argent ou de cuivre qui ferment les trous des feintes ou demi-tons, lesquelles sont au nombre de sept au grand chalumeau, & au nombre de six au petit. Les clés sont retenues dans leur place par une goupille qui les traverse & les deux tenons entre lesquels elles sont placées. Le petit chalumeau qui n’a environ qu’un pouce de longueur, a une patte GE ge, sur le collet Gg de laquelle sont montées les six clés, trois de chaque côté, qui ouvrent & ferment tous les trous. Voyez les figures.

Les chalumeaux entrent par leurs parties supérieures ee dans les boîtes DB, db qui leur distribuent le vent. Les deux boîtes DB, db communiquent l’une à l’autre par le canal e qui se trouve dans les grosseurs BB, pour que le vent qui vient par C puisse se distribuer aux deux anches ff qui sont entées à la partie supérieure ee des chalumeaux. Ces parties ee des chalumeaux, & qu’on appelle tenons, & qui entrent dans les boîtes, sont garnies de filasse pour bien étancher le vent. Les anches fe sont composées de deux petites lames de roseau liées l’une contre l’autre sur une petite verge de fer cylindrique, ensorte qu’elles font un petit tuyau par le côté de la ligature, lequel aboutit au tuyau du chalumeau ; & de l’autre côté f elles sont applaties, comme on peut voir dans les figures. L’anche du grand chalumeau est vue en face ou sur le plat, & celle du petit sur le côté ou le profil. Voyez l’explication de la formation du son dans les tuyaux à anches, à l’article Trompette, jeu d’orgue. La partie C entre, comme les tenons e, dans la boîte DB, dans une autre boîte, au-tour de laquelle la peau de la musette est liée avec un gros fil ciré. Cette ligature entre dans une gravure qui entoure cette seconde boîte, ensorte que le vent dont on remplit la peau, ne peut trouver à s’échapper que par l’ouverture de cette boîte. Il y en a trois attachées ainsi au corps de la musette : une pour les chalumeaux, laquelle est attachée à l’extrémité du gouleau BD, voyez les fig. une autre F pour recevoir le bourdon, & une troisieme Gg, voyez les fig. qui est aussi attachée au porte-vent, & par le moyen de laquelle il communique au corps de la musette. Cette derniere boîte a une soupape g qui laisse passer le vent du soufflet par le porte-vent IG dans le corps de l’instrument, & ne l’en laisse point ressortir.

Le bourdon dont il reste maintenant à expliquer la construction, est un cylindre d’ivoire, de 5 ou 6 pouces de long sur environ 1 pouce ou 15 lignes de diametre, percé de plusieurs trous dans toute sa longueur lesquels sont paralleles à son axe, ensorte que le bourdon ne differe de plusieurs tuyaux mis à côté les uns des autres, qu’en ce qu’ils tiennent tous ensemble & sont percés dans la même piece ; comme la longueur de 5 ou 6 pouces du bourdon n’est pas suffisante pour faire rendre aux anches un son assez grave, on fait communiquer un tuyau avec un autre du côté D qu’on appelle le dôme du bourdon, & on bouche les trous du tuyau que l’on fait communiquer, ensorte que deux ou