Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a, outre la beauté des caracteres, une certaine netteté & une certaine élégance dans la maniere de noter, à laquelle les copistes ne sont pas toûjours attentifs, & qui soulage pourtant beaucoup l’attention du lecteur. Par exemple, on ne devroit pas serrer les notes de longue durée, comme on fait celles de moindre valeur ; mais il faudroit que l’égalité de l’espace fût à-peu-près correspondante à l’égalité des tems. Dans les partitions, il faut que non-seulement chaque mesure, mais chaque tems & même chaque note, quand cela se peut, soit exactement vis-à-vis de celle qui lui doit correspondre d’une partie à l’autre. Dans la musique vocale, il faut avoir grande attention que les notes répondent exactement aux syllabes ; ce qui ne peut guere mieux se faire qu’en écrivant les paroles les premieres, car c’est leur distance qui doit déterminer celle des notes ; il n’y a que les roulades à excepter. Quand on ajoute des lignes au-dessus ou au-dessous de la portée, il ne faut point qu’elles soient continues, mais qu’elles soient coupées & séparées d’une note à l’autre, afin que le lecteur ne soit pas exposé à les confondre avec les cinq lignes de la portée. Cet avertissement est sur-tout pour les copistes françois : celui qu’on devroit donner aux copistes italiens seroit d’être plus exacts à former le guidon à la fin de chaque ligne, afin qu’on ne fût pas exposé à prendre une portée pour l’autre. Il y a mille petites attentions de cette nature qui sont communément méprisées, & dont la négligence incommode pourtant les plus habiles, même sans qu’ils s’en apperçoivent. (S)

NOTICE, s. f. terme de Littérature, qui signifie la connoissance qu’on donne d’une chose, par des observations & des recherches critiques qu’on fait dessus. De-là est venu le mot de notification, l’action de notifier, de donner la notice ou la connoissance de quelque chose. Ces mots sont également dérivés du latin noscere, connoître. Voyez Connoissance.

Pour donner la notice d’un livre ou d’un manuscrit, on examine par qui il a été composé, en quel tems, quelle en est la forme, l’écriture, le nombre des pages : on fait un sommaire de ce qu’il contient, on dit par quelles mains il a passé, & comment il est parvenu dans le cabinet ou la bibliotheque qui le possede.

Notice est aussi le titre de certains ouvrages, composés pour faire connoître d’une maniere particuliere les villes, les provinces, les routes, &c. d’un royaume, les diverses parties d’une province, les villes & les paroisses d’un diocèse, &c.

Tel est le livre intitulé notitia Imperii, & la notice des Gaules que nous a donnée M. de Valois sous le titre de notitia Galliarum, & qui est un recueil des différens noms que les provinces & les villes de France ont portés en différens tems. M. Secousse de l’académie des Belles-Lettres a donné, dans le septieme volume des mémoires de cette académie, un projet d’une nouvelle notice des Gaules & pays soumis aux François depuis la fondation de la monarchie, & un essai relatif à ce même projet, qui montre combien un pareil ouvrage seroit intéressant, s’il étoit exécuté par une main aussi habile que celle qui a tracé le plan.

Les notices des dignités de l’Empire, tant d’orient que d’occident, sont d’un grand usage dans l’étude de l’Histoire, soit romaine, soit ecclésiastique ; cependant elles ne peuvent guere être utiles, du moins aux jeunes gens, sans d’excellentes notes telles que celles de Pancirole, & sans de fréquentes corrections dans le texte qui est horriblement défiguré ou corrompu.

NOTIFICATION, s. f. (Jurisprud.) est un exploit par lequel on donne connoissance à quelqu’un du contenu dans quelque acte : la notification se fait en signifiant une copie de l’acte, à ce que celui au-

quel on le signifie n’en prétende cause d’ignorance.

Quelquefois cette signification est accompagnée de l’exhibition de l’original, comme quand l’acquéreur d’un fief notifie son contrat au seigneur pour faire courir l’an du retrait féodal, ou, si c’est un héritage roturier, pour ne pas encourir l’amende dûe pour ventes récelées & non-notifiées. Le seigneur féodal qui saisit le fief de son vassal, doit lui notifier la saisie ; enfin, un gradué doit notifier ses grades tous les ans dans le tems de carême. Voyez Exhibition, Grades, Gradués, Saisie féodale. (A)

NOTIOMETRE, (Physiq.) est la même chose qu’hygrometre. Voyez Hygrometre.

NOTION, s. f. est un terme de Logique, qui signifie l’idée que nous nous formons d’une chose. Ce nom ne convient qu’aux idées complexes. Voyez Idée & Prénotion.

M. Leibnitz a distingué fort exactement toutes les especes de notions dans les actes de Leipsick, 1684.

Notion claire, selon lui, est celle qui suffit pour se rappeller un objet ; par exemple, celle d’une figure.

Notion obscure, c’est celle qui ne suffit pas pour se rappeller un objet ; par exemple, celle d’une plante qu’on doute, en la voyant, si on ne l’a pas vûe déja ailleurs, & si on doit lui donner tel ou tel nom.

Notion distincte, c’est celle qui nous rend capables de marquer les différens caracteres auxquels nous reconnoissons une chose ; par exemple, celle-ci : le cercle est une figure terminée par une ligne courbe qui revient sur elle-même, & dont tous les points sont également éloignés d’un point milieu. Voyez Distinct.

Notion confuse, est celle avec laquelle on n’est pas en état de marquer les différens caracteres auxquels on peut reconnoitre un objet, quoi qu’il soit. Telle est la notion de la couleur rouge.

Notion adéquate, c’est celle où l’on a des notions distinctes des marques ou caracteres qui font reconnoître un objet ; par exemple, c’est la notion du cercle dont nous venons de parler, lorsqu’elle est accompagnée de la notion distincte d’une courbe qui revient sur elle-même, & dont tous les points sont également éloignés d’un autre point qui est au milieu. Voyez Adéquat.

Notion inadéquate, c’est celle où l’on n’a que des notions confuses des caracteres qui entrent dans la notion distincte.

On admet dans les Mathématiques quelques notions confuses, lorsque leur explication n’est pas de grande conséquence pour la démonstration.

Ainsi Euclide n’explique point la notion d’égalité, quoiqu’elle entre dans les notions de triangle équilatéral, de rhombes, &c. parce que les propositions, dont la démonstration est appuyée sur la notion d’égalité, sont aisément accordées sans entrer dans un si grand détail ; par exemple, que deux choses égales à une même troisieme sont égales entr’elles. Mais, dans les définitions mathématiques, on n’admet jamais d’autres notions que celles qui sont distinctes, & en même tems aussi adéquates qu’il est possible, & que le sujet le demande. Voyez Définition.

On distingue dans l’école les notions en formelles & objectives, & chacune se subdivise en premiere formelle & seconde formelle, premiere objective & seconde objective.

Premiere formelle notion, est la connoissance que nous avons d’une chose selon ce qu’elle est, ou ce qu’elle a en elle-même ; par exemple, la notion du feu en tant que feu, celle d’un corps lumineux en tant que lumineux, &c.

Premiere notion objective, est la chose elle-même